Comment les Palestiniens de Gaza s’en sortent avec le Covid-19?
Par Entsar Abu Jahal pour Al-Monitor le 31 mars 2020
Entsar Abu Jahal est une journaliste palestinienne couvrant l'actualité. Elle poursuit actuellement une maîtrise en journalisme et travaille avec plusieurs revues locales et arabes, ainsi qu'avec diverses stations de radio locales.
Ville de Gaza, Bande de Gaza - L'Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA) dans la bande de Gaza a commencé le 18 mars à placer des patients atteints de maladies respiratoires dans des écoles de Gaza que l'UNRWA a converties en cliniques médicales, cela suite à sa décision du 16 mars de ne pas recevoir ces patients dans ses cliniques médicales à titre préventif pour assurer la sécurité des autres patients et des familles et empêcher la propagation du nouveau coronavirus. L'UNRWA a souligné que toutes les écoles seront stérilisées avant la reprise des cours et que ses écoles ne se transformeront pas en centres de quarantaine pour ceux qui reviennent des points de passage de Rafah ou d'Erez dans la bande de Gaza.
Des enfants palestiniens jouent avec des masques au camp de réfugiés d'al-Shati au milieu de la pandémie de coronavirus, Gaza le 25 mars 2020 (Crédit photo: Mohammed Abed/AFP)
Pendant ce temps, le ministère de la Santé dirigé par le Hamas a commencé le 15 mars à transformer deux écoles de la ville méridionale de Rafah en centres de quarantaine où ceux qui entrent à Gaza sont placés par mesure de précaution contre la propagation du coronavirus. Bien qu'une telle mesure ait mis en colère les citoyens, le ministère a déclaré qu'il n'avait pas d'autre choix et a également continué à équiper d'autres écoles. S'adressant à Al-Monitor, Ashraf al-Qidra, porte-parole du ministère de la Santé, a déclaré qu'il y avait 15 écoles servant de centres de quarantaine dans la bande de Gaza et que le ministère équipait davantage d'écoles pour ceux qui arrivent à Gaza.
Qidra a déclaré que lorsque l'épidémie de coronavirus s'est rapidement transformée en pandémie, avec l'épicentre de l'épidémie identifié par le Center for Disease Control and Prevention comme étant à Wuhan en Chine, le ministère a pris des mesures de précaution conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, notamment en prenant les températures des personnes venant de pays infectés aux points de passage et exigeant leur engagement personnel à ne pas quitter leur domicile et à s'abstenir d'être en contact avec d'autres membres de leurs familles jusqu'à la fin de leur quarantaine de 14 jours.
Mais, a ajouté Qidra, l'épidémie et les crises qui ont suivi ont nécessité de transformer les écoles en centres de quarantaine pour protéger la communauté, compte tenu de la nature de la vie sociale dans la bande de Gaza. Il a expliqué que le ministère s'efforçait de veiller à ce que les écoles respectent les normes internationales de santé, en particulier en ce qui concerne les personnes qui se tiennent à distance les unes des autres. Il a souligné que la communauté est devenue plus consciente et prudente.
Qidra a déclaré que les personnes placées en quarantaine sont classées selon la date de leur arrivée dans les centres de quarantaine et ne sont autorisées à partir qu'une fois la période de 14 jours terminée. Des citoyens arrivent toujours à Gaza, car d'autres pays n'empêchent pas les Gazaouis de retourner dans la bande de Gaza par les points de passage de Rafah ou d'Erez.
Il a expliqué: «Il y a 1,287 personnes en quarantaine, réparties dans 20 centres [de quarantaine].»
Commentant les deux citoyens du Pakistan qui ont été testés positifs le 21 mars, il a affirmé que les mesures nécessaires avaient été prises et qu'ils ont été transférés de l'école où ils ont été mis en quarantaine à un nouvel hôpital de campagne construit près du poste frontière de Rafah. Qidra a expliqué que l'hôpital avait été créé pour "isoler les cas infectés" et pouvait "accueillir 38 cas ou plus".
Qidra a déclaré que les deux Pakistanais n'avaient montré aucune complication et que 29 personnes qui étaient entrées en contact direct ou indirect avec elles avaient été isolées dans le nouvel hôpital de Rafah. Sur les 118 cas testés dans la bande de Gaza, seuls deux ont été testés positifs, a-t-il ajouté.
Il a déclaré que la situation sanitaire et humanitaire dans la bande de Gaza était vulnérable en raison du siège israélien qui a détruit le système de santé, bien que les Palestiniens de Gaza tentent de tirer le meilleur parti de son potentiel compte tenu des capacités limitées de Gaza. "Les Nations Unies mettent en garde contre les conséquences dangereuses d'une éventuelle épidémie de coronavirus qui interviendrait après l'effondrement du système de santé à Gaza", a déclaré Qidra.
Il a poursuivi: «Nous avons une pénurie de 50% de médicaments et de fournitures médicales, en plus de la pénurie de tests de laboratoire et de graves pénuries de personnel médical et d'installations. C'est pourquoi le secteur des soins de santé fait face à [de nombreux] défis. Cela est d'autant plus vrai que certaines puissances aux capacités énormes n'ont pas réussi à placer [le coronavirus] sous contrôle, sans parler de la bande de Gaza assiégée [avec ses capacités limitées].»
Qidra a appelé la communauté internationale et les agences des Nations Unies à assumer leurs rôles et à fournir une aide urgente - y compris des ventilateurs, des dispositifs de soins intensifs, des fournitures de sécurité et de protection et des principes fondamentaux - afin que la bande de Gaza puisse mieux se préparer, d'autant plus qu'il s'agit d'une zone densément peuplée. Il a dit que la situation deviendrait particulièrement difficile si le coronavirus se propageait là-bas, et il considère qu'Israël et la communauté internationale sont responsables de la vie de 2 millions de Gazaouis.
Ansam Khalifa est allée à l’école élémentaire de Gaza pour garçons à l’ouest de la ville de Gaza - maintenant une clinique médicale de l’UNRWA - pour voir un médecin au sujet de la grippe et de la température élevée de son fils. Elle a déclaré à Al-Monitor que la décision de l'UNRWA de transformer les écoles en dispensaires était un mauvais choix car les écoles ne sont pas adaptées à ces fins; elle a souligné le long temps d'attente avant de voir un médecin.
«Une distance minimale de 1 mètre est maintenue entre eux dans la cour d'attente. Pourtant, l'endroit n'est pas stérilisé après le départ d'un patient. D'autres mesures de précaution sont nécessaires», a-t-elle dit.
Khalifa a expliqué qu'elle craignait une épidémie de virus dans la bande de Gaza et qu'elle restait chez elle autant que possible, ne sortant que si c'était absolument nécessaire.
Amer Judeh, qui attendait également le traitement de son fils, a déclaré à Al-Monitor que la situation à l'école était bien meilleure qu'elle ne l'était dans les cliniques parce que le temps d'attente est moins long et les risques d'infection sont moins nombreux. «L'UNRWA essaie de tirer le meilleur parti de son potentiel et de ses installations. Les seules options disponibles sont les écoles. Pourtant, il est nécessaire de prendre davantage de mesures de précaution», a-t-il affirmé.
Selon lui, «la bibliothèque de l'école est devenue une pharmacie et les salles de classe sont devenues des zones d'examen et de traitement. Je ne sais pas si cela aura un impact psychologique sur les élèves à leur retour.»
Il a souligné que tous les médicaments ne sont pas disponibles à la clinique, ce qui nécessite de les acheter dans des pharmacies privées. Judeh a déclaré que ces médicaments doivent être mis à disposition du peuple pour alléger le fardeau des citoyens.
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