Ils ne croient plus en leur religion: La crise cachée des ex-musulmans en Malaisie
Par Atheist Republic (groupe anonyme d'ex-musulmans malais)
La Malaisie est un petit pays situé en Asie du Sud-est, avec une population de plus de 30 millions d'habitants. La Malaisie est multiethnique et multiculturelle, ce qui joue un rôle important dans la politique. Environ la moitié de la population est ethniquement malaise et il y a d'importantes minorités de malais chinois, de malais indiens et de peuples autochtones.
Environ 61,3% des Malaisiens ont déclarés pratiquer l'islam, 19,8% le bouddhisme, 9,2% le christianisme, 6,3% l'hindouisme et 1,3% le confucianisme, le taoïsme et d'autres religions traditionnelles chinoises. 0,7% ont déclaré n'avoir aucune religion et les 1,4% restants pratiquent d'autres religions.
La constitution malaisienne définit strictement ce qu'est un "Malais" (terme ethnique à ne pas confondre avec Malaisien qui est la nationalité), considérant que les Malais doivent être musulmans, parler malais régulièrement, pratiquer les coutumes malaises et vivre au Brunei, en Malaisie et à Singapour ou avoir des ancêtres originaires de ces trois pays. Les musulmans sont obligés de se plier aux décisions des tribunaux de la charia dans les affaires concernant leur religion. On s'attend à ce que les juges islamiques suivent l'école juridique islamique Shafi'i, qui est le principal madhhab de la Malaisie. La juridiction des tribunaux de la charia est limitée aux musulmans dans des domaines tels que le mariage, l'héritage, le divorce, l'apostasie, la conversion religieuse et les peines de prison entre autres. Aucune autre infraction pénale ou civile n'est sous la juridiction des tribunaux de la charia, qui ont une hiérarchie similaire aux tribunaux civils. Malgré le fait qu'ils représentent la justice suprême du pays, les tribunaux civils ne peuvent pas intervenir sur les questions liées aux pratiques islamiques.
La liberté de religion, malgré la garantie de la constitution, fait face à de nombreuses restrictions en Malaisie. Légalement, un Malais en Malaisie doit être musulman. Cette étiquette est fixée sur ces cartes d'identité nationales. Les Malaisiens non-malais sont plus libres de choisir leur religion. Les tentatives de musulmans pour se convertir à d'autres religions ou devenir athées sont punies par les gouvernements des États, avec des punitions allant d'une amende à l'emprisonnement. Les musulmans sont autorisés à convertir les non musulmans à l'islam mais pas l'inverse. Le gouvernement fédéral n'intervient pas dans les litiges relatifs à la conversion, laissant cela aux tribunaux. Les tribunaux laïques de Malaisie ont statué qu'ils n'avaient pas le pouvoir de décider de ces cas, laissant cela aux tribunaux de la charia. Ces tribunaux islamiques ont décidé à l'unanimité que tous les Malais ethniques doivent rester musulmans. Même les non-malais qui se sont convertis à l'islam ne sont pas autorisés à quitter l'islam (sauf dans des circonstances particulières), et les enfants nés de parents musulmans sont automatiquement musulmans. Un non-musulman qui veut épouser un musulman doit d'abord se convertir à l'islam. Les ex-musulmans sont également soumis aux lois de la charia et peuvent être poursuivis pour ne pas se conformer aux pratiques islamiques telles que le jeûne pendant la période du Ramadan, l'interdiction de la consommation d'alcool, la proximité des membres du sexe opposé et même pour le fait de ne pas assister aux prières du vendredi dans certains États malaisiens.
Beaucoup de musulmans qui ont tenté de se convertir à une autre religion ou de quitter l'islam ont reçus des menaces de mort. Ceux qui se sont converti ou ont quitté l'islam ont une double vie secrète. La juridiction civile affirme que les conversions dépendent de la juridiction des tribunaux de charia, mais les convertis affirment que, comme ils ne sont plus musulmans, les tribunaux de la charia n'ont aucun pouvoir sur eux. Les autorités ne permettent que la pratique de l'islam sunnite et arrêtent ceux qui s'éloignent de ces croyances. Pour être réhabilitées par les autorités islamiques, ceux qui s'étaient convertis à une autre religion sont obligées de s'habiller et d'agir en musulmans.
Ce sont les problèmes auxquels sont confrontés les ex-musulmans en Malaisie... Récemment, une simple photo d'athées réunis à Kuala Lumpur a soulevé l'ire de la population musulmane. Beaucoup ont réclamés des mesures sévères, notamment que les personnes impliquées, en particulier les Malais, soient emprisonnées. Ces athées ont reçu des menaces et beaucoup de haine de la part des médias sociaux simplement pour être ce qu'ils sont... Ce sont pourtant des gens pacifiques qui ne cherchent pas à empêcher quiconque de pratiquer sa liberté de croyance ... Pourtant, une simple photo a fait le tour des médias sociaux malaisiens et généré beaucoup de haine de la part de la communauté musulmane du pays.
Quelques commentaires de Malais musulmans sur les médias sociaux suite à la diffusion de la photo de la réunion d'athées
Nous ne savons pas ce que l'avenir leur imposera, mais nous savons qu'il y a beaucoup d'ex-musulmans ici en Malaisie qui cherchent à faire reconnaître leur position.
Tout ce qu'ils veulent, c'est qu'on les laisse profiter de leur liberté sans l'interférence de l'islam et de ses autorités désignées... Il y a une phobie en Malaisie mais ce n'est pas l'islamophobie. C'est l'apostophobie (peur ou haine des apostats). Une peur ou une haine dont personne ne parle habituellement car tout le monde a tendance à protéger les sensibilités des musulmans...
Nous voulons que les gens qui ont la même opinion que "Atheist Republic" comprennent le sort des ex-musulmans en Malaisie afin que vous sachiez ce qui se passe ici... Votre soutien et votre amour auront beaucoup d'importance pour les ex-musulmans de Malaisie... Merci de votre lecture.
Article original en anglais:
http://atheistrcmy.blogspot.sg/2017/08/losing-their-religion-hidden-crisis-of.html