Quelles sont les preuves historiques de l'existence de Jésus-Christ?
Aujourd'hui, certains prétendent que Jésus n'est qu'une idée plutôt qu'une véritable figure historique, mais il existe de nombreuses preuves écrites de son existence il y a 2000 ans.
Par Simon Gathercole pour "The Guardian"
Dans quelle mesure pouvons-nous être sûrs que Jésus-Christ ait réellement vécu?
L'évidence historique de Jésus de Nazareth est à la fois établie et répandue. En quelques décennies de sa vie supposée, il est mentionné par des historiens juifs et romains, ainsi que par des douzaines d'écrits chrétiens. Comparez cela avec, par exemple, le roi Arthur, qui aurait vécu autour de l'an 500 après J.C. La principale source historique des événements de cette époque ne parle même pas d'Arthur, et il n'est mentionné que 300 ou 400 ans après être censé avoir vécu. L'évidence pour Jésus n'est pas limitée au folklore postérieur comme dans le cas d'Arthur.
Que nous disent les écrits chrétiens?
La valeur de ces témoignages est qu'ils sont à la fois précoce et détaillé. Les premiers écrits chrétiens qui parlent de Jésus sont les épîtres de saint Paul, et les érudits s'accordent à dire que ses premières lettres ont été écrites au plus tard 25 ans après la mort de Jésus, tandis que les premiers récits biographiques détaillés de Jésus dans les évangiles du Nouveau Testament datent d'environ 40 ans après son décès. Tout cela a été écrit alors que de nombreux témoins oculaires étaient encore vivants et fournit des descriptions qui correspondent à la culture et à la géographie de la Palestine du premier siècle. Il est également difficile d'imaginer pourquoi des écrivains chrétiens auraient inventé une figure de sauveur juif aussi complète à une époque et dans un lieu - sous le contrôle de l'empire romain - où il y avait une forte suspicion à l'égard du judaïsme.
Qu'est-ce que les auteurs non-chrétiens ont dit à propos de Jésus?
Pour autant que nous sachions, le premier auteur en dehors de l'église à mentionner Jésus est l'historien juif Flavius Josèphe, qui a écrit une histoire du judaïsme en l'an 93. Il y a deux références à Jésus. L'une d'elles est controversée parce que considérée comme corrompue postérieurement par des scribes chrétiens (transformant probablement le rapport négatif de Josèphe sur Jésus en un rapport plus positif), mais l'autre n'est pas suspecte. Il y est fait référence à Jacques, le frère de "Jésus, le soi-disant Christ".
Environ 20 ans après Josèphe nous avons les politiciens romains Pline et Tacite, qui ont tenu certains des plus hauts postes d'état au début du deuxième siècle après JC. De Tacite, nous apprenons que Jésus a été exécuté alors que Ponce Pilate était le préfet romain chargé de la Judée (de 26 à 36) et Tibère l'empereur (de 14 à 37) - des rapports qui correspondent au calendrier des évangiles. Pline fournit l'information que, à l'époque où il était gouverneur dans le nord de la Turquie, les chrétiens adoraient le Christ comme un dieu. Ni l'un ni l'autre n'aimaient les chrétiens - Pline parle de leur "obstination de cabochards" et Tacite appelle leur religion une superstition destructrice.
Les auteurs anciens ont-ils discuté de l'existence de Jésus?
Il est frappant de constater qu'il n'y eut jamais de débat dans le monde antique sur la question de savoir si Jésus de Nazareth était une figure historique. Dans la première littérature des rabbins juifs, Jésus a été dénoncé comme l'enfant illégitime de Marie et d'un sorcier. Parmi les païens, le satiriste Lucian et le philosophe Celse ont rejeté Jésus comme étant un scélérat, mais nous ne connaissons personne dans le monde antique qui ait contesté l'existence de Jésus.
Quelle est la controverse de l'existence de Jésus maintenant?
Dans un livre récent, le philosophe français Michel Onfray parle de Jésus comme d'une simple hypothèse, de son existence comme d'une idée plutôt que comme d'une figure historique. Il y a environ 10 ans, The Jesus Project a été créé aux États-Unis. L'une de ses principales questions était de savoir si Jésus existait ou non. Certains auteurs ont même soutenu que Jésus de Nazareth était doublement inexistant, affirmant que Jésus et Nazareth étaient l'un et l'autre des inventions chrétiennes. Il convient de noter, cependant, que les deux principaux historiens qui ont écrit le plus contre ces arguments hyper sceptiques sont athées: Maurice Casey (Université de Nottingham) et Bart Ehrman (Université de Caroline du Nord). Ils ont émis des critiques cinglantes sur l'approche du "mythe de Jésus", l'accusant d'être une pseudo-étude. Néanmoins, une enquête récente a révélé que 40% des adultes en Angleterre ne croyaient pas que Jésus était une véritable figure historique.
Y a-t-il des preuves archéologiques pour Jésus?
Une partie de la confusion populaire qui regne autour de l'historicité de Jésus peut avoir été causé par des arguments archéologiques particuliers soulevés par rapport à lui. Récemment il y a eu des réclamations comme quoi Jésus aurait été un arrière-petit-fils de Cléopâtre. Ces arguments étaient appuyés par des pièces de monnaie soi-disant antiques censées montrer Jésus portant sa couronne d'épines. Dans certains cercles, il y a toujours un intérêt pour le Suaire de Turin, censé être le linceul de Jésus. Le pape Benoît XVI a déclaré que c'était "quelque chose que l'art humain n'était pas capable de produire" et une "icône du samedi saint".
Cependant, il est difficile de trouver des historiens qui considèrent ces matériaux comme des données archéologiques sérieuses. Les documents produits par les écrivains chrétiens, juifs et romains constituent la preuve la plus significative.
Ces références historiques abondantes nous laissent avec peu de doute raisonnable sur le fait que Jésus a vécu et est mort. La question la plus intéressante - qui dépasse l'histoire et le fait objectif - est de savoir si Jésus est mort et a vécu.
Simon Gathercole le 14 avril 2017
Lien de l'article en anglais:
Simon Gathercole est un universitaire spécialisé dans les études du Nouveau Testament à l'Université de Cambridge.
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