Des exilés thaïlandais échappent aux escadrons de la mort de la junte en s'enfuyant en France
Par Michael Ruffles pour Sydney Morning Herald le 3 août 2019
Un groupe musical de dissidents Thaïlandais dont les vies étaient en danger en raison d'une "brigade d'escadrons de la mort " est arrivé en France.
Le groupe connu sous le nom de Faiyen, se cachait au Laos, pays où deux exilés politiques ont été assassinés par les tueurs de la junte et six autres ont disparus.
Poster du groupe dissident thaïlandais Faiyen annonçant que Paris devient la capitale de la dissidence thaïlandaise
Depuis quelques semaines, leurs publications sur les réseaux sociaux faisaient état de leurs craintes de voir les équipes de tueurs de la junte découvrir leur cachette. Le groupe, qui utilise la musique folklorique et des émissions radiophoniques en ligne pour critiquer la monarchie thaïlandaise, est recherché en vertu de la loi la plus sévère au monde en matière de lèse-majesté, qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison pour chaque infraction.
Cependant, après une campagne des défenseurs des droits humains, ils ont été sécurisés vendredi.
«Je suis sur une terre où je ne suis sous les pieds de personne», a déclaré samedi matin un membre de la bande, Nithiwat Wannasiri, sur les médias sociaux.
La France s'est révélée être une destination populaire pour les exilés thaïlandais depuis le coup d'État de 2014, car elle n'a pas d'équivalent à la loi de lèse-majesté et a rejeté toutes les tentatives d'extradition du gouvernement thaïlandais.
L'universitaire Junya Yimprasert, elle-même exilée depuis une dizaine d'années et résidant maintenant en Finlande, a dirigé la campagne #SaveFaiyen après la découverte de deux corps à la frontière entre la Thaïlande et le Laos en décembre dernier.
«Les membres de Faiyen sont maintenant sauvés du grave danger auquel ils étaient confrontés au Laos: ils pourrons commencer une nouvelle vie en France avec la dignité, la liberté, l'égalité et la fraternité pour lesquelles ils se sont battus et ont été présentés par le régime monarcho-militaire comme une menace pour la sécurité des Thaïlandais.», a publié Junya sur Facebook.
«Les sept mois de lutte pour trouver un pays démocratique qui reconnaîtrait l’importance de sauver la vie des exilés politiques thaïlandais au Laos ont été stressant.
"Sept mois durant lesquels huit autres thaïlandais en exil politique ont été assassinés."
Les corps de deux d'entre eux ont été retrouvés éviscérés et bourrés de béton dans le but de les alourdir pour qu'ils puissent couler dans le Mékong. Ils ont ensuite été identifiés comme des exilés associés à Surachai Danwattananusorn, disparu depuis le 12 décembre et dont on pense qu'il est mort. Cinq autres ont disparu ces dernières années.
Nommé d'après un bâtonnet étincellent et traduit littéralement par "feu frais", le doux mélange de musique thaïlandaise et pop de Faiyen dissimule la subversion de leurs paroles.
Ils visent directement la monarchie et l'élite du pays, en incluant ou en adaptant souvent les chants des rassemblements politiques. Le groupe diffuse à la radio et utilise des flux de médias sociaux en direct pour diffuser sa musique et ses messages.
Les membres du groupe dissident thaïlandais Faiyen arrivent en France (Crédit photo: Junya Yimprasert)
Sunai Phasuk, représentant de Human Rights Watch en Thaïlande, avait précédemment déclaré que les attaques contre les exilés de ces derniers mois avaient probablement été ordonnées par un homme puissant. Aucune enquête significative n'ayant été menée en Thaïlande et au Laos.
"Tous les signaux combinés, bien qu’il n’y ait pas de preuves claires, suggèrent une personne assez importante pour ordonner tous ces meurtres", a-t-il déclaré. "Ce doit être quelqu'un de très puissant pour influencer les autorités de deux pays."
Lien de l'article en anglais: