Il y a 45 ans, en mai 1975, l’intellectuel marxiste cambodgien Hou Yuon fut l’une des toutes premières victimes des purges des Khmers rouges
Hou Yuon, né en 1930, fut avec le futur dirigeant khmer rouge Khieu Samphan, qu’il rencontra au lycée à Phnom Penh, un des deux seuls étudiants cambodgiens à avoir réussi à obtenir un doctorat universitaire en France grâce à une thèse qui s’intitulait «La paysannerie du Cambodge et ses projets de modernisation» en 1955. Cependant, bien que les deux étudiants soient des marxistes convaincus, ils étaient de caractère très différent. Alors que Khieu Samphan suivait toujours religieusement la ligne du Parti, Hou Yuon refusait de se courber devant l’orthodoxie partisane, préférant exprimer ses propres opinions. Sa popularité d’étudiant jovial et bon vivant le fit unanimement désigner comme dirigeant de l’Association des Etudiants Khmers. Comme Khieu Samphan, ses idées sur l’économie du Cambodge et l’importance des paysans influencèrent plus tard les politiques Khmer Rouges. A Paris, il s’est lié d’amitié avec Saloth Sar (le futur Pol Pot), qui devint membre de sa cellule du Cercle marxiste. Cependant, cette amitié ne l’a pas sauvé de la purge en 1975.
En 1958, Il a été nommé Secrétaire d’Etat par le Prince Sihanouk de même que Khieu Samphan. Neuf ans plus tard, quand Sihanouk s’est retourné contre la Gauche, Hou Yuon et Khieu Samphan se sont enfuit dans la jungle et ont rallié les Khmers rouges. Après le coup d’Etat de 1970, il a été nommé par la résistance successivement Ministre de l’Intérieur et Ministres des Réformes Communales et des Coopératives dans le Gouvernement royal d'union nationale du Kampuchéa (GRUNK). Mais alors que Khieu Samphan s’est contenté d’obéir au Parti, Hou Yuon s’est attiré des inimitiés à cause de son franc-parler. Nominalement responsable de la collectivisation dans le gouvernement de résistance de Sihanouk, il aurait été parmi les critiques au Congrès du PCK de 1971. Hou Yuon pensait que le système coopératif avait été mis en place trop vite, s’opposant à la collectivisation des objets personnels et de la nourriture et à la suppression des structures familiales.
De même, contrairement au nationalisme étriqué des autres dirigeants khmers rouges, Hou Yuon percevait la Révolution cambodgienne comme faisant partie d’un tout révolutionnaire mondial s’opposant aussi bien à la politique de colonisation israélienne en Palestine qu’à l’intervention américaine au Vietnam. Cependant, ce qui a valu à Hou Yuon d’avoir été exécuté par ses anciens camarades, c’est le fait qu’il se soit vigoureusement opposé à l’évacuation des villes en 1975. Malgré leur ancienne amitié, Pol Pot ne lui a pas pardonné.
Ci-dessous, un des rares textes de Hou Yuon ayant survécu à l’autodafé khmère rouge. Il s’agit d’un article publié le 25 janvier 1971. On peut y lire les idées révolutionnaires de Hou Yuon s’opposant aussi bien à la politique de colonisation israélienne en Palestine qu’à l’intervention américaine au Vietnam:
APPEL DE M. HOU YUON, MEMBRE DU BUREAU POLITIQUE DU COMITE CENTRAL DU F.U.N.K., MINISTRE DE L’INTERIEUR, DES REFORMES COMMUNALES ET DES COOPERATIVES DU G.R.U.N.K.
Chers amis intellectuels, étudiants et élèves de la zone provisoirement contrôlée par l’ennemi.
La période actuelle est celle de la lutte pour conquérir l’indépendance et la liberté, celle de la libération des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine.
Le grand problème est la décolonisation. Notre pays et notre peuple arrivent à une novelle étape historique de leur libération, pendant laquelle se pose la question primordiale de la décolonisation définitive, afin de se libérer complètement du colonialisme, du néo-colonialisme et de l’impérialisme de tout bord et d’édifier le Cambodge, selon les principes d’indépendance, de souveraineté, tenant le plus grand compte des intérêts et des objectifs véritables du peuple et de la nation.
Vous avez tous un idéal très élevé, le patriotisme très pur et très noble. Vous avez tous soif de liberté, d’égalité, de progrès, de justice sociale et de véritable démocratie. Vous aimez tout ce qui est bon, sain, noble, honorable, des sentiments élevés, hors de prix. Vous aimez et respectez tous nos ouvriers et paysans qui ont, avec vous, des liens de sang et qui constituent la majorité de notre communauté nationale.
J’ai pour ma part également connu la vie d’élève, d’étudiant, et je suis un intellectuel comme vous. Je comprends parfaitement votre idéal et j’en possède un aussi. Laissez-moi vous dire, mes chers amis intellectuels, étudiants et élèves, mes chers compatriotes qui partagent le même idéal que moi, qu’il existe certaines questions qui méritent votre examen détaillé, avec toute votre conscience et qui intéressent, en premier lieu, l’avenir de notre pays.
Le coup d’Etat du 18 mars 1970, fomenté par la bande des traîtres Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh, sur l’ordre des impérialistes américains, a provoqué chez nous une guerre cruelle, barbare, d’une férocité et d’une sauvagerie inouïes. Notre indépendance, notre souveraineté, notre liberté, notre neutralité et l’intégrité de notre territoire sont complètement anéanties. Nos biens, nos bêtes, nos récoltes, nos foyers, nos monuments et nos monastères sont détruits. La vie des milliers de nos compatriotes disparaît à jamais sous les balles, les bombes, les produits chimiques nocifs, lancés par les impérialistes américains et leurs valets de Saïgon, de Bangkok et de Phnom Penh. Notre pays et notre peuple tout entier sont gravement atteints par ces ravages, Notre patrie se retrouve sous le joug d’un néo-colonialisme, installé par les impérialistes américains en se servant des intermédiaires, les caporaux fantoches de Saïgon et de Bangkok.
Le peuple khmer est plongé dans un gouffre de malheurs sans fond, subit les pires souffrances, le déshonneur, les humiliations, les actes les plus barbares, les plus cruels, les plus inhumains des troupes fantoches Thieu – Ky – Khiem et celle des réactionnaires, les traîtres Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh. La bande des traîtres et des vendus Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh est exécrée par notre peuple tout entier.
Je crois que nos amis les élèves, étudiants et intellectuels sont également en colère contre ces traîtres et nourris d’une haine implacable contre eux. Bien sûr, cette bande de traîtres ne vous permet pas d’exprimer vos sentiments. Elle emploie tous les moyens pour dissimuler leurs actes de trahison. Pour faire oublier ses oppressions, lois martiales et enrôlements forcés, elle vous récompense par un grade plus élevé, un salaire plus important et souvent par des voyages d’agrément dans les pays du monde libre. Elle n’hésite même pas à recourir à un grand «moyen» pour toucher votre corde sensible. Ce moyen s’appelle la «République».
Les cinq mots: égalité, liberté, fraternité, progrès, bonheur, sonnent tellement agréablement à l’oreille qu’ils provoquent, dans vos cœurs, une vive sympathie. Des milliers de gens dans ce monde ont sacrifié leur vie pour obtenir l’égalité et la liberté. Dans l’histoire humaine, nous nous rappelons la révolution française de 1789 et la guerre d’indépendance des Etats-Unis de 1775 à 1783. La devise « liberté, égalité, fraternité » est née de ces révolutions et devient le flambeau qui soulève, fait progresser et éclaire le chemin e lutte que l’Humanité mène depuis des siècles. A présent aussi, tous les mois, toutes les semaines, tous les jours, toutes les heures, des ouvriers, paysans et autres classes sociales, des peuples épris de justice, de démocratie et de progrès luttent résolument, avec tous les sacrifices, pour conquérir leur indépendance, leur liberté, leur égalité dans la fraternité, le progrès et le bonheur.
Le courant idéologique et politique évolue dans cette direction. Aucune force au monde ne peut dévier ce courant impétueux de son cours, car il représente une évolution naturelle de l’Humanité. Toute tendance politique et idéologique qui s’écarte de ce courant sera inévitablement éliminée elle-même car les peuples n’éprouvent aucun besoin de ces tendances et lignes politiques et les rejettent impitoyablement.
Je ne discute pas sur votre idéal respectif. Je soulève seulement quelques problèmes qui méritent votre examen approfondi. Je pense que l’idée d’une «république» comme celle qui vient d’être proclamée au Cambodge est une manœuvre de la bande des traîtres Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh pour vous tromper. Cette bande se sert de cette «république» pour satisfaire votre «nourriture» intellectuelle. Le but véritable des traîtres est de vous détourner des questions vitales qui intéressent l’avenir de notre nation et de notre peuple.
De source bien informée, je constate que certains de nos amis sont actuellement fort occupés à discuter et à élaborer la constitution dite «républicaine». Les traîtres vous autorisent à user de vos droits et de votre liberté uniquement et à seule fin de vous critiquer mutuellement, de vous quereller interminablement, détaler vos opinions dans le sens indiqué par les traîtres, de vous lancer mutuellement à la figure des propos humiliants, de vous permettre d’en venir aux mains, faisant tout pour vous diviser. C’est cela la liberté, l’égalité de la « république » de Lon Nol et de sa bande. Vous avez utilisé votre intelligence pour examiner ces problèmes inutiles et vous en avez laissé de côté les plus importants. Je vous demande:
- Quelle est l’origine véritable du coup d’Etat réactionnaire et fasciste des traîtres Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh, le 18 mars 1970?
- Quelles sont les véritables causes de la guerre d’agression des impérialistes américains et de leurs valets, de l’intérieur et de l’extérieur, contre l’indépendance, la souveraineté, la neutralité de notre pays, contre la liberté, la justice, contre la révolution du peuple khmer?
- Pourquoi le Cambodge indépendant est devenu une néo-colonie des impérialistes américains et de leurs valets de Saïgon et de Bangkok?
- Pourquoi la bande Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh trahit-elle notre peuple et notre nation et vend-elle notre pays aux impérialistes américains?
- Pourquoi notre peuple est mécontent et nourri d’une haine implacable contre les traîtres, auteurs de ces malheurs et souffrances?
Les récitations débitées inlassablement jusqu’à la bavure, le visage rouge de colère, la précipitation dont vous faites preuve pour exposer vos chefs-d’œuvre respectifs n’intéressent aucunement la bande Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh. Celle-ci ne pense qu’à exciter ses soldats, connus pour leur barbarie, à commettre les pires méfaits à l’encontre des honnêtes gens, en forçant des jeunes gens, des jeunes filles et autres villageois à s’enrôler dans leurs rangs pour les envoyer ensuite en première ligne mourir à leur place. Quant aux traîtres, ils se contentent de se prosterner pour lécher les bottes de leurs maîtres, les impérialistes américains et leurs valets de Saïgon, Bangkok, Séoul, Taïwan, Tokyo et pour implorer des aides en dollars, en armements, en soldats, afin de les sauver de leur triste sort.
Ils ne pensent qu’à faire signe aux avions des impérialistes américains, ceux des fantoches de Saïgon et de Bangkok pour qu’ils viennent bombarder, mitrailler, massacrer notre peuple, détruire nos foyers, endommager nos récoltes, brûler nos monastères et détériorer nos monuments. Ils ne pensent qu’à inviter les troupes de la clique Thieu – Ky pour qu’elles viennent ravager notre pays, massacrer nos compatriotes, humilier notre peuple, particulièrement nos femmes qui subissent les pires infamies en plein jour et publiquement dans les villages, comme il s’agit des bêtes. Les actes de trahison envers notre pays et envers notre peuple des réactionnaires fascistes Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh prouvent indiscutablement que cette bande ne se soucie nullement de cette «République» qui sert uniquement à tromper votre curiosité intellectuelle.
Cette bande n’hésite pas à louer le service de certains intellectuels pour duper notre peuple et cacher ses activités criminelles de trahison. Tous nos amis connaissent certainement cette devise : « liberté, égalité, fraternité » qui a longtemps servi de bannière au capitalisme français dans sa révolution de 1789 et au capitalisme américain dans sa guerre d’indépendance de 1775 à 1783 et qui est déjà périmée et rejetée définitivement par la classe bourgeoise réactionnaire des Etats-Unis et de l’Europe occidentale. Inutile de nous attarder sur le régime militaro-fasciste japonais, le sionisme et fascisme israélien et tous les autres systèmes inféodés aux U.S.A., ravagés par la guerre populaire de libération nationale, la guérilla anti-néo-colonialiste et anti-impérialiste ou minés par des luttes de classe extrêmement âpres.
Chers amis élèves, étudiants, intellectuels,
Vote idéal est noble et élevé, mais je vous prie de faire un peu d’efforts pour vous débarrasser de vos rêves et de vos incertitudes qui consistent à:
- Considérer les impérialistes américains et tous les réactionnaires comme les sauveurs du Cambodge et capables de lui rendre l’indépendance, la liberté et la souveraineté;
- Croire que les dollars américains sont efficaces pour rendre à notre nation la liberté, l’égalité, la fraternité, la justice et le bonheur;
- Croire que les fantoches, valets des impérialistes américains, les traîtres fascistes Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh sont loyaux envers notre nation et notre peuple;
- Croire que le régime démocratique révolu, de types français, américain ou japonais et le libéralisme économique de types américain ou israélien, etc… sont capables de rendre à notre peuple la liberté, l’égalité, le progrès et le bonheur;
- Croire que le peuple khmer est en sommeil ou ne souffre pas de toutes les oppressions et humiliations ou n’est pas capable de se soulever et d’organiser la lutte ; de consentir des sacrifices, etc…;
Actuellement il n’est plus permis de mettre en doute le grand réveil de notre peuple, son esprit de sacrifice et son désintéressement, sa combativité, son unité et sa solidarité. En un mot, c’est le peuple khmer tout entier, toutes les classes et couches sociales, qui a donné ses preuves éclatantes en se soulevant pour lutter résolument contre la bande Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh, valets des impérialistes américains. Ce peuple est déterminé à s’opposer à la guerre d’agression, d’intervention, guerre injuste, anti-populaire, anti-révolutionnaire des impérialistes américains et de leurs valets de l’intérieur et de l’extérieur, par sa guerre révolutionnaire et de libération nationale. Le programme et la ligne politiques du F.U.N.K. ne sont nullement des documents de propagande. Bien au contraire, ils se sont concrétisés par des applications réelles, vivantes, dans des activités quotidiennes de plus de 4 millions d’hommes et de femmes demeurant dans la vaste zone libérée, représentant 70% du territoire national.
Au moment même où nos amis cherchent encore une place dans la constitution pour caser certains principes républicains, notre peuple, en grande majorité, est occupé à renforcer la solidarité combattante, à réaliser les principaux plans contenus dans le programme du F.U.N.K. Notre peuple obtient succès sur succès dans ses efforts pour faire valoir ses droits et sauvegarder ses intérêts. Notre peuple de la zone libérée dispose non seulement de tous les droits pour parler, écrire, se réunir, s’organiser en différentes associations, mais jouit aussi d’autres droits obtenus par sa lutte, devenant ainsi maître de ses affaires, de son destin et de ses intérêts.
Notre peuple n’est pas jaloux des «droits et libertés» que la bande Lon Nol laisse encore aux intellectuels, aux députés et sénateurs pour qu’ils bavardent librement dans la salle Chadomouk, à l’Assemblée Nationale ou au sénat. Notre peuple dispose du pouvoir véritable et applique activement la démocratie du peuple conformément à la ligne politique commune définie dans le programme du F.U.N.K. Le fait que plus de 4 millions d’habitants, occupant 70% du territoire national, possèdent une conscience élevée, osant se soulever pour conquérir le pouvoir, le détenant effectivement, solidement et définitivement et continuent la lutte suivant les directives politiques et militaires justes, montre que la force populaire est immense et indescriptible.
Certains de nos amis (en nombre limité) qui habitent Phnom Penh, connaissent sans doute la vie difficile de chômeur de nos pauvres compatriotes. Pourquoi le prix du paddy a augmenté de 100%? Pourquoi le prix du sucre a monté de 100%? Celui des légumes de 300%? Un œuf de cane coûte 20 riels? Un poulet coûte 200 riels? Encore s’il est possible d’en acheter. A Siemreap ou à Kompong Thom, un chien coûte 150 riels! Des réfugiés portent des haillons en sac de jute, couchent à même le sol et s’entassent dans des réduits insalubres. Ils attendent, dans la misère, toutes les aumônes, versées au compte gouttes par des gens généreux. Voilà le fruit de la trahison envers notre nation et envers notre peuple des traîtres vendus Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh! Voilà le résultat des offensives répétées et des encerclements de plus en plus serrés de nos forces révolutionnaires et populaires qui disposent de ressources humaines et économiques très importantes et de forces armées populaires de libération puissantes! Plus de 4 millions d’hommes ayant une conscience politique élevée ont resserré leur solidarité combattante en une union complète avec ceux qui luttent actuellement dans la zone provisoirement contrôlée par l’ennemi.
Nos compatriotes forment un front très large, isolant complètement la bande de Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh, qui ne trouve aucun soutien dans notre peuple et ne s’appuie que sur la force des armes et des baïonnettes. Malgré tous les efforts déployés par la bande des traîtres pour amener les intellectuels à enfanter sa fameuse constitution, elle ne parvient jamais à gagner la sympathie et le soutien du peuple khmer.
Toutes les régions économiques, y compris les champs, les étangs, les grandes forêts, etc…, se trouvent en zone libérée, sous administration populaire. Toutes les voies de communication importantes qui mènent aux villes de grande ou moyenne importance sont coupées. Le marasme économique qui en résulte provoque sûrement la pénurie des produits nécessaires chez la bande Lon Nol et ses complices réfugiés à Phnom Penh.
Les dollars américains, les aides en hommes et en matériels des valets de tout bord ne seront jamais suffisants pour les sauver de leur triste sort.
Les F.A.P.L.K., issues du peuple, pour servir le peuple, sont puissantes et d’une vaillance éprouvée, lançant partout des offensives, prenant l’initiative sur tous les champs de bataille et remportant des victoires de plus en plus grandes. Elles sèment ainsi le désarroi et la destruction chez les troupes fantoches, les acculant partout à la défensive. L’aide en hommes et en matériels des impérialistes américains, de leurs valets de Saïgon et de Bangkok, ne peuvent jamais les sauver de leurs défaites certaines. Bref, les FA.P.L.K. conservent toujours la supériorité sur les troupes réactionnaires, fascistes de la bande Lon Nol – Sirik Matak – Son Ngoc Thanh. La justice est du côté du peuple! Le peuple vaincra! Sur ce point, soyez certains que la victoire nous appartiendra.
Chers amis intellectuels, étudiants, élèves,
C’est pour la première fois dans notre histoire que notre peuple, notamment non ouvriers, nos paysans, qui représentent 90% de nos compatriotes, se lèvent en masse, comme un seul homme, pour arracher le pouvoir et le tenir solidement et définitivement en main. Ils connaissent parfaitement l’importance et la nature de ce pouvoir et l’utilisent à bon escient, conformément à la ligne politique juste. Ils sont capables d’accomplir toutes les tâches dans leurs propres intérêts.
Nous les intellectuels, étudiants, élèves, devons être fiers de notre peuple, avoir confiance en lui, le bien considérer, être modestes avec lui, bien le connaître et s’engager à ses côtés, en grand nombre, dans le combat commun. Vous avez tous un idéal. Vous rendez certainement de bons services à notre pays et à notre peuple. Le F.U.N.K., présidé par Samdech Norodom Sihanouk, Chef de l’Etat, est un mouvement de rassemblement et de solidarité nationale pour la lutte contre l’impérialisme, le fascisme, le féodalisme réactionnaire, le capitalisme réactionnaire, pour le salut national et la libération totale de notre peuple. Le F.U.N.K. est heureux de vous accueillir dans ses rangs. C’est une occasion très rare et très bonne pour réaliser votre idéal, conformément à la politique définie dans le programme du F.UN.K. Le Front et notre peuple vous considèrent à votre juste valeur, avec leur esprit de large compréhension et ne font rien qui puisse vous blesser dans votre bonheur et dans votre dignité. Vous trouvez, dans le F.U.N.K., l’égalité, la fraternité, l’entr’aide et la solidarité combattante contre l’ennemi commun et vous servez vraiment notre peuple et notre pays.
Je m’adresse à vous, chers amis, pour que vous examiniez toutes les questions ci-dessus. Choisissez la voie tracée par le F.U.N.K qui est celle de votre peuple, de vos amis, les ouvriers, les paysans et les patriotes progressistes, si votre décision n’est pas encore prise.
Le Front a déjà accueilli bon nombre d’élèves, d’intellectuels, de l’intérieur comme de l’étranger. Le Front resserre plus étroitement encore la solidarité avec tous nos amis. Plus vous êtres nombreux, mieux notre force et notre capacité physiques et morales s’accroissent, mieux nous utilisons notre intelligence pour servir notre peuple et notre nation. Nous travaillons, ainsi, efficacement à la libération totale de notre peuple et de notre nation. Nous édifions un nouveau Cambodge indépendant, pacifique, neutre, dans son intégrité territoriale, véritablement démocratique et prospère, servant les intérêts des masses ouvrières et paysannes.
Je crois fermement que, dans les rangs du F.U.N.K., vous connaissez mieux votre propre valeur, après avoir travaillé avec le peuple, et vous avez conscience de l’importance de votre rôle, au service de la nation et du peuple. Vous serez fiers d’être les maîtres de vos activités, vous aurez confiance en votre propre force et en celle du peuple. Le F.U.N.K. vous accueillera et vous trouvera un jour dans ses rangs. Vous pourrez le rejoindre partout et à n’importe quel moment, tout de suite ou dans quelques mois. Le plus tôt sera le mieux. Bien que nous subissions une guerre d’agression et de destruction, la plus cruelle et la plus barbare, de la part des impérialistes américains et de leurs valets, nous nous efforçons de vous fournir convenablement la nourriture et le logement. Nous nous occupons de votre santé et de votre sécurité. Le F.U.N.K. vous réserve sa meilleure sympathie. Avec toute ma considération, mes meilleures pensées et ma sincère amitié.
Salutations – amitié – fraternité.
Zone libérée, le 25 janvier 1971