Le meurtre délibéré de civils pendant la guerre: les voix du Vietnam
Par Mike Hastie pour Counterpunch le 29 septembre 2017
Je viens tout juste de terminer l'article de Nick Turse dans The Intercept du 28 septembre 2017. Son article est intitulé: «Le documentaire sur la guerre du Vietnam de Ken Burns passe sous silence un bilan civil dévastateur». Voici une citation de Nick, au début de l'article: «La guerre, ce n'est pas seulement le combat, bien que le combat fasse partie de la guerre. Les combattants ne sont pas les principaux participants à la guerre moderne. La guerre moderne affecte les civils beaucoup plus et bien plus longtemps que les combattants.» Turse poursuit ainsi: «Comme Burns et Novick, j'ai passé dix ans à travailler sur une histoire de la guerre du Vietnam, bien que réalisée avec un budget beaucoup plus modeste, c’est un livre intitulé ‘Tuez tout ce qui bouge’. Comme Burns et Novick, j'ai parlé avec des militaires, des Américains et des Vietnamiens. Comme Burns et Novick, je croyais que je pourrais apprendre d’eux ‘ce qui s'est passé’. Il m'a fallu des années pour réaliser que j'avais complètement tort. C'est peut-être pourquoi je trouve ‘La guerre du Vietnam’ et son défilé apparemment sans fin de soldats et de guérilleros qui parlent si difficile à regarder.»
Il y a un livre vers lequel je me tourne souvent lorsque je veux écouter des civils vietnamiens parler de ce qu'ils ont vu et vécu lorsque des soldats américains sont arrivés dans leur village. Le titre du livre est: «Puis les Américains sont venus (Then The Americans Came)». Il est écrit par Martha Hess et a été publié par Rutgers University Press en 1993. En 1990 et 1991, Martha Hess, accompagnée d'un interprète, a voyagé au sud et au nord du 17e parallèle, interviewant plus d'une centaine de personnes sur leur expérience de la guerre. Au lieu de paraphraser ce qu'elle a écrit, je vais vous laisser entendre ce que ces Vietnamiens ont à dire sur leur confrontation avec les troupes américaines.
Vous pouvez parler maintenant, car il y a un public qui veut connaître votre vérité :
«Des produits chimiques toxiques et des défoliants ont été laissés sur place, ainsi que beaucoup de napalm. Aujourd'hui, de nombreuses personnes ont encore des cicatrices dues aux bombes au napalm. Il y avait différents types de bombes à fragmentation, certaines de la taille d'un poing. Même maintenant, des gens sont tués par de petites bombes non explosées. Les blessés étaient pris en charge par leur famille ou par la communauté s'ils n'avaient ni enfants ni parents. Les morts étaient enterrés partout, sans cercueils. Trois personnes sont mortes dans ma famille. Les Américains ne peuvent pas rembourser cette dette, car elle est trop importante.»
Mme Nguyen Thi Thiet
«Au cours de la première guerre, ils ont surtout bombardé des ponts, des ferries, des routes, des bases militaires. Mais lors de la seconde guerre, les Américains ont bombardé des civils.»
Mme Hoang Thi Al
«J'ai rejoint l'armée en 1969. Au bout de six mois, je suis allé au Cambodge et j'ai combattu les Américains là-bas. Je me souviens quand les Américains ont amené des troupes et bombardé le Cambodge pour la première fois. De nombreuses personnes ont été tuées. Ils ont bombardé des civils, comme au Vietnam. Partout où ils voyaient des gens, ils bombardaient. J'y suis resté jusqu'en 1975. J'ai perdu beaucoup d'amis à cause des bombardements et de la contamination par des produits chimiques toxiques, et j'ai moi-même été blessé et exposé. Mais j'ai toujours su que nous gagnerions.»
M. Pham Dinh Bang
«Les Américains sont venus au Vietnam pour faire la guerre et tuer des Vietnamiens. Cela signifie qu'ils étaient les agresseurs. Les soldats fantoches étaient également vietnamiens mais ils étaient américanisés, c'est-à-dire qu'ils écoutaient les Américains et prenaient les armes contre leur propre peuple. Pour ces soldats, nous avons plus de sympathie que de haine. À ce jour, nous considérons les Américains comme l'ennemi. Nos enfants n'ont pas de père. Les Américains ont tué une génération. Ils ont une dette envers nous, envers la prochaine génération.»
M. Dich
«Ce soir-là, les bâtiments ont été détruits, tout. De nombreuses personnes ont été blessées et des familles entières ont été anéanties - des plus jeunes aux plus âgés. Dans une famille, cinq générations ont été tuées ensemble, le bébé dans sa mère enceinte, le fils, la mère, la grand-mère et l'arrière-grand-mère. Dans une famille, il y avait neuf enfants et leurs parents sont morts. Nous avons passé la semaine à creuser les abris, à la recherche de personnes disparues. L'odeur des morts était terrible. Nous avons rassemblé les corps en un seul endroit et les blessés ont été emmenés à l'hôpital. Les Vietnamiens eux n’ont jamais envoyé de troupes pour envahir l’Amérique. Nous n’oublierons pas. Nous nous souviendrons de la guerre. Nous nous souviendrons de nos pertes. Les petits enfants, de neuf ans, de treize ans, n'avaient commis aucun crime de guerre pour que les Américains viennent les tuer. Quand ils sont morts dans les bombardements, leurs yeux sont sortis de leurs orbites à cause de l’explosion. Leurs corps ont été mutilés. De petits enfants, des personnes âgées. Ils avaient vécu ici et travaillé ici toute leur vie. Ils n'ont jamais envoyé de troupes en Amérique. Ils n'ont jamais coupé une seule plante, coupé une feuille en Amérique. Pourquoi les Américains sont-ils venus pour tout détruire, pour tuer les gens, pour tuer les petits enfants, pour tuer même les femmes enceintes, pourquoi? Les Américains savent-ils seulement pourquoi?»
Mme Phung Thi Tiem
«Il y a eu vraiment deux guerres, la française et l'américaine, et elles ne peuvent être séparées. Les Américains étaient déjà impliqués pendant la guerre menée par la France. Les bombes étaient déjà fournies par les États-Unis. Le secrétaire d’État Dulles voulait utiliser la bombe à hydrogène sur Dien Bien Phu en 1954, mais les Britanniques n’ont pas donné leur accord. Ce n’est pas nous qui avons commencé la guerre. Le secrétaire d'État Dulles et le gouvernement américain connaissaient les accords de Genève, mais ils ont continué à apporter du matériel de guerre au Vietnam. Ils ont mis en place le gouvernement fantoche de Ngo Dinh Diem et formé les soldats du Sud-Vietnam. Puis ils ont envoyé leurs propres troupes. Nous avons eu la guerre pendant trois générations.»
M. Phu Bang
«La guerre s'est terminée il y a quinze ans par la victoire de notre peuple, mais le pays reste dévasté. Nous disons que la victoire ne peut effacer nos souffrances. Car les États-Unis ont envoyé leurs troupes ici avec l'intention de tout détruire, de tout brûler et de tout tuer. Ils ont détruit la terre. Dans le Sud, les Américains ont incendié des villages et rassemblé les femmes et les enfants dans des camps entourés de barbelés. Le Sud du Vietnam est devenu une énorme prison. De nombreux enfants ne pouvaient pas aller à l’école, les gens n’étaient pas libres de travailler leur terre. Ils ont tué brutalement, sans discrimination. Souvenez-vous du massacre de My Lai, dans la province de Quang Ngai. Il y a eu de nombreux autres villages où les gens ont été massacrés. My Lai a seulement été le pire.»
Mme Truong My Hoa
«En 1968, je suis allé au Sud avec les Forces de libération, pour combattre dans les montagnes. Personne n'avait assez de riz. J'ai eu la malaria, celle que vous attrapez dans les montagnes, et j'ai failli en mourir. Les Américains parachutaient des soldats pour effectuer des opérations de nettoyage, et quand nous traversions les villages où ils avaient été, nous ne trouvions que des corps - dans les arbres, gisant par terre, et des femmes bâillonnées avec du tissu. Les habitants étaient partis, seuls restaient les blessés et les morts. Voyez-vous, quand les Américains arrivaient dans un village ils tuaient tout le monde, même les enfants, parce qu'ils pensaient que c’étaient des Viet Cong.»
Mme Huynh Phuong Anh
«Nous avons vu de très nombreux hélicoptères arriver et tourner autour du village. On voyait des hélicoptères dans les quatre directions. Nous étions restés calmes, je ne sais pas pourquoi. Puis les Américains ont commencé à bombarder depuis les hélicoptères, et les soldats sont arrivés à travers champs. Ils venaient de toutes les directions et nous ne savions pas vers où courir. Quand le premier groupe d'Américains est arrivé, il a tiré sur les gens, et tué les buffles et les vaches. Ils ont tiré sur tous ceux qu'ils voyaient, même les femmes enceintes et les personnes âgées. Ils ont tiré sur tout le monde. Le deuxième groupe est venu et a brûlé les maisons, coupé les arbres, tous les arbres fruitiers. Il y avait un vieil homme d'environ soixante-dix ou quatre-vingts ans. Les soldats lui ont coupé la main et l'ont jetée au sol, puis ils l'ont jeté dans le puits et l'ont abattu. Après cela, la plupart des gens ont été arrêtés et emmenés dans le fossé ici. Les Américains les ont poussés dans le fossé, et ils leur ont tiré dessus. Ils se moquaient de savoir qui - les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes aussi. Ils les ont tous tués. J'ai moi-même vu ce massacre. J'ai eu beaucoup de chance de survivre. Quand je suis tombé dans le fossé, j'ai atterri près du bord. J'ai vu les gens se faire tuer, j'ai attrapé un chiffon quelque part, je me suis couvert la tête et j'ai fait semblant d’être mort. Toute ma famille a été tuée. Quand il nous a semblé qu'ils avaient arrêté de tirer, mon fils s'est redressé et m'a appelé. Il regardait dans le fossé. Un Américain lui a tiré une balle dans le cœur.»
M. Pham Dong
«Les Américains portaient de grandes vestes, des vestes pare-balles et ils avaient l'air très, très grands. Ils ont violé de nombreuses jeunes filles. Nous avons tous des membres de notre famille qui ont été tués par les Américains.»
Mme Dang Thi Sinh
«Ils mettaient tout le monde dans des camps. Si nous essayions de rester dans nos villages, ils brûlaient les maisons. Si nous persistions à rester, ils bombardaient les villages et les détruisaient. Le camp était horrible – les conditions étaient très mauvaises. Ce n'était pas seulement le manque de choses, mais le manque de liberté. Vous voyez, il n'y avait pas que des soldats américains et sud-vietnamiens mais il y avait aussi des Sud-Coréens, et ils étaient barbares. Ils violaient les femmes. Ils avaient une liste de personnes soupçonnées d'appartenir au V.C. et j'étais dessus. Pendant quelques mois, j'ai été mis en prison. Ils pensaient que j'avais peut-être aidé le V.C. et ils m'ont arrêtée. Ils m'ont battue. Je n'avais rien à manger, pas d'eau. Il n'y avait rien. Deux de mes fils ont été tués au combat et mon mari a été tué lui aussi. C'était très dur.»
Mme Luu Thi Nao
«Les Sud-Coréens étaient particulièrement brutaux. Ils ont violé les femmes et les filles de notre village. En 1965, ma tante a été violée. Puis ils lui ont coupé les mains et les jambes et l'ont jetée dans la rivière. Nous avons été rassemblés dans des zones contrôlées par des soldats américains et sud-vietnamiens. Les anciens ne voulaient pas y aller, alors les soldats leur nouaient des cordes autour du cou et les traînaient. Mon oncle a été tué comme ça, traîné par le cou. Ils ont brûlé toutes les maisons. On nous donnait très peu à manger. Il n'y avait pas d'école. Nous avons été détenus dans les camps pendant dix ans, jusqu'en 1975.»
Mme Nguyen Thi Duc
«En 1965, j'ai été arrêtée par les Américains et amenée à Hoi An. Ils ont envoyé des décharges électriques dans mon vagin, sur mes seins, dans mes oreilles, dans mon nez, sur mes doigts. Du sang est sorti de mon vagin. La nuit, ils m’ont encore torturée à l’électricité et ils m'ont battue. Ils m'ont piétinée avec leurs chaussures. Maintenant, quand je respire toute ma poitrine me fait mal, et quand je m'allonge sur le lit mon corps me fait mal. Ils m'ont gardée pendant dix-huit mois. En 1965, j'étais une belle femme, pas comme maintenant. J'ai quarante-cinq ans et je vis seule, sans parents, sans frères, sans sœurs, sans mari. Comment quelqu'un pourrait-il m'épouser? Mon père a été tué par les Américains. Ma mère a été tuée par des balles américaines. Mon jeune frère a été tué. Les garçons jouaient sur la route lorsque les Américains sont arrivés et leur ont tiré dessus.»
Mme Le Thi Dieu
«J'ai été arrêtée à deux reprises, en 1969 et en 1972, pour avoir aidé les forces révolutionnaires. J'ai été battue et torturée à l'électricité. Ils ont tué mon mari et nos cinq enfants ont été tués pendant la guerre. Je n'ai ni mari ni enfants.»
Mme Kieu Thi Xan
«En 1965, j'étais un petit enfant. Les Américains bombardaient et de nombreux enfants ont été blessés et tués. Lorsque j'ai été blessé par une bombe à fragmentation, un hélicoptère américain m'a emmené à l'hôpital de Da Nang où ils m'ont opéré l'œil. Les Américains ont tiré sur les enfants. Les enfants jouaient ici de ce côté de la rivière, et les soldats américains de l'autre côté leur tiraient dessus. Les Américains coupaient les cheveux des personnes âgées. Ils tiraient sur des gens puis les jetaient dans la rivière. Cette dame, ici, ils l'ont jetée au sol et lui ont coupé les cheveux. Parfois, ils tiraient sur les gens dans les yeux. Et ils en riaient.»
M. Vo Van Vuong
«Les Américains sont venus en camion. Nous avons été amenés au soleil, poussés à nous agenouiller et obligés de lever les bras, tandis qu'ils nous coupaient les cheveux. Ils arrachaient la barbe des vieillards. Ils riaient en faisant cela. Nous ne comprenons pas l'anglais, donc nous ne pouvions que voir ce qu'ils faisaient. La nuit, les Américains venaient en hélicoptère, éclairaient les abris et tiraient. Ils répandaient du napalm et ont brûlé et tué de nombreuses personnes. Des femmes étaient violées. Dans le village de Bin Duong, de l'autre côté de la rivière, vingt et une femmes ont été violées dans l'après-midi par des Américains, non seulement une fois, mais par les uns après les autres. Certaines sont mortes sur place et d'autres sont mortes plus tard.»
Mme Huynh Thi Pham
«Aux environs de septembre 1969, nous avons combattu lors de la bataille de Vinh Dien. Après notre retrait, les Américains sont venus, ils ont rassemblé les gens, les ont torturés et battus. Ils ont lié les mains et les pieds des jeunes gens et les ont placés devant un fossé, puis ils leur ont tiré dessus, les ont jetés dans le fossé à coups de pied et les ont recouverts. Environ deux cents personnes ont été tuées à cet endroit. Je vous parle de cet endroit parce que je le connais. C'étaient des Américains du 5e Régiment de Marines.»
M. Luong Quy
«Pendant le bombardement de Hanoi qui a duré douze jours, à Noël 1972, 2,027 personnes ont été tuées, 263 ont disparu, 1 355 ont été blessées. Sur les 102 villages de la banlieue de Hanoi, tous ont été bombardés. Cent seize écoles et trente écoles maternelles ou jardins d’enfants ont été bombardés. Cent quinze pagodes, églises et temples ont été bombardés. Cinquante-trois hôpitaux et cliniques ont été bombardés. Les digues ont été bombardées à 71 endroits - elles étaient très importantes pour le contrôle des inondations. L'hôpital Bach Mai avait été construit par les Français. Après 1954, il avait été restauré et était devenu le plus grand hôpital du Nord-Vietnam. Il a été bombardé quatre fois. 550,000 personnes sur une population de 700,000 ont été évacuées de Hanoï.»
M. Nguyen Duc Hanh, Directeur de l'enquête sur les crimes de guerre, Commission de Hanoi
On n’amène pas l'ennemi à négocier en tuant seulement des militaires. On amène l'ennemi à la table des négociations en tuant des civils innocents. Ce sont des cibles militaires. Le principal objectif de la nation agresseur est de briser la volonté du peuple et sa capacité à défendre sa patrie. Cette stratégie est aussi ancienne que la guerre elle-même. C'est la vérité, elle est couverte par le silence.
Si vous voulez connaître ce qu’est la barbarie de la guerre, demandez aux civils, car ils sont les principales cibles de la guerre. Les dommages collatéraux n'existent pas. C'est un mythe. L'armée américaine au Vietnam a utilisé cet argument afin de faire croire aux citoyens américains que leur armée respectait les règles de la Convention de Genève. C'était un mensonge total. C'est probablement le mensonge n° 1 de la guerre du Vietnam, après l’invention de la «théorie des dominos» qui nous a amenés au Vietnam en premier lieu.
Toute la guerre au Vietnam, au Cambodge et au Laos représente l'un des plus grands mensonges de l'histoire américaine. Les États-Unis n'avaient pas plus le droit de bombarder ces trois pays qu'ils n'avaient le droit de bombarder le Mississippi, l'Alabama et le Tennessee. Et pourtant, il y a des millions et des millions d'Américains qui croient que la guerre du Vietnam était une noble cause. Alors, revenons au début de cet article et reprenons ce que Nick Turse a dit:
«Comme Burns et Novick, j'ai parlé avec des militaires, des Américains et des Vietnamiens. Comme Burns et Novick, j'ai pensé que je pourrais apprendre d’eux ‘ce qui s'est passé’. Il m'a fallu des années pour réaliser que j'avais complètement tort. C'est peut-être pourquoi je trouve ‘La guerre du Vietnam’ et son défilé apparemment sans fin de soldats et de guérilleros qui parlent si douloureux à regarder… La guerre, ce n'est pas seulement le combat, bien que le combat fasse partie de la guerre. Les combattants ne sont pas les principaux participants à la guerre moderne. La guerre moderne affecte les civils beaucoup plus et bien plus longtemps que les combattants.»
Le soldat américain moyen a passé 12 mois au Vietnam. Le civil vietnamien moyen pouvait faire l'expérience de dix fournées de soldats américains dans son pays. Le même village vietnamien pourrait être bombardé année après année. Les largages de bombes américaines n'ont jamais cessé, tandis que le gouvernement américain fabriquait de nouveaux My Lai, tombés du ciel. Chaque bombe était à l’origine de multiples cercueils, pour les vivants et pour les enfants à naître. Les bombardements américains au Cambodge ont fait 600,000 morts. Les paysans cambodgiens étaient tellement furieux qu'ils ont rejoint les Khmers rouges, qui ont finalement été responsables d'un règne de terreur qui a tué plus d'un million de personnes.
De 1964 à 1973, dans le cadre de la guerre secrète au Laos, les États-Unis ont largué 260 millions de bombes à fragmentation et 2,5 millions de tonnes de munitions au cours de 580,000 missions de bombardement. À la fin de la guerre du Vietnam, les États-Unis avaient largué 7,600,000 tonnes de bombes sur le Vietnam, le Cambodge et le Laos. C'est près de trois fois plus de bombes que pendant toute la Seconde Guerre mondiale.
Il était important pour moi de citer le livre de Martha Hess. C'est un document indispensable pour commencer à comprendre les atrocités commises quotidiennement par le gouvernement des États-Unis pendant la guerre du Vietnam. Les histoires individuelles de ces survivants vietnamiens sont essentielles si les Américains veulent vraiment connaître la vraie vérité de la guerre du Vietnam. Pour avoir de l’empathie, il faut entendre le témoignage oculaire de ceux qui ont le plus souffert. Ces histoires sont effroyables et déchirantes. Il faut persévérer et écouter chaque détail, même si cela heurte vos croyances fondamentales. Les civils ont tout perdu, bien plus que le combattant moyen.
C’est quelque chose que les soldats américains ne comprendront jamais, peu importe combien de combats ils ont vécu. Je n'ai jamais rencontré un soldat américain ayant servi au Vietnam qui ait vu toute sa famille se faire tuer. Il n'a jamais eu à se promener et à collecter des parties du corps de ses proches. Cette vérité dépasse la compréhension des Américains qui ont servi au Vietnam, mais c'était une expérience très courante pour des millions de civils vietnamiens.
Comme l'une de ces histoires le mentionne, une bombe américaine a explosé sur une construction, au Vietnam, et tué cinq générations de la même famille. Ces histoires de civils innocents sont tellement effroyables. Ces civils ont subi des souffrances irréversibles qui sont à des années-lumière de la conscience du peuple américain. La vérité est toujours cachée, elle est monstrueuse, et c’est pourquoi il y a tant de peur et de terreur à l’exposer. La honte nous empêche toujours de regarder l'impensable.
L'héritage de la guerre américaine au Vietnam n'a qu'une seule vérité, et non plusieurs, comme Burns et Novick tentent de nous en convaincre. La vérité, C'EST ce mensonge, un mensonge si immoral qu'il s’apparente à la solution finale de l'Allemagne nazie. Si on ne le croit pas, il suffit de demander à des millions de civils au Vietnam. Oubliez votre propre réalité, restez dans la pièce et écoutez le récit de la souffrance humaine qui a presque anéanti trois générations.
Mike Hastie a servi comme médecin de l'armée au Vietnam.
Lien de l’article en anglais: