Il y a 13 ans, le 7 août 2010, l'acteur français Bruno Crémer nous quittait

Publié le par La Gazette du Citoyen

Bruno Crémer, l'acteur français célèbre pour son rôle du commissaire Maigret de Simenon

Par Ronald Bergan pour The Guardian le 25 août 2010

Georges Simenon décrit ainsi sa création Jules Maigret, l'inspecteur de police parisien bourru et fumeur de pipe: «Sa carrure était plébéienne. Il était énorme et osseux. Des muscles durs ressortaient sous sa veste… Surtout, il avait sa propre voie de se planter dans un endroit… C'était un bloc solide et tout devait se briser contre lui.» Simenon aurait pu décrire l'acteur français Bruno Crémer, décédé d'un cancer à l'âge de 80 ans le 7 août 2010 à Paris. Crémer, qui a incarné Maigret à la télévision française dans 54 épisodes pendant 14 ans (de 1991 à 2005), avait un rôle difficile à égaler après que Pierre Renoir, Jean Gabin et Jean Richard aient joués tous les trois celui du célèbre commissaire, mais ce rôle lui allait aussi parfaitement que le chapeau et le gros pardessus qu'il portait la plupart du temps.

Bruno Crémer dans le rôle du commissaire Maigret

Bruno Crémer dans le rôle du commissaire Maigret

Maigret a été le héros de 75 romans, 28 nouvelles, de nombreux films et d'interminables séries télévisées dans de nombreuses langues, dont le japonais. Dans les deux séries britanniques, malgré les efforts soutenus de Rupert Davis et de Michael Gambon, il y avait inévitablement un ersatz de francité, alors que Crémer était l'article authentique. Quand il était assis à boire sa bière et à manger le plat du jour au bistrot du coin, on pouvait presque sentir et goûter l'atmosphère. Plus que la plupart des Maigret, bien que fatigués du monde et impatients avec les imbéciles, une véritable douleur à la condition humaine pouvait être vue derrière les yeux gris pénétrants de Crémer. Comme le disait un article du Monde: «Crémer avait l'allure massive d'un chêne, et la fragilité d'un roseau.»

Comme Simenon, les parents de Crémer étaient belges - son père homme d'affaires, sa mère musicienne - mais Crémer est né dans la banlieue parisienne et a choisi la nationalité française à l'âge de 18 ans. Cadet de trois enfants, il se sent délaissé par sa famille. «J'ai commencé à jouer très tôt, faisant semblant d'être en colère ou triste, créant des mini-drames pour gagner la sympathie», écrit-il dans ses mémoires titrées "Un Certain Jeune Homme" et parues en 2000.

Le livre raconte sa décision de devenir acteur à 12 ans, ses études d'art dramatique au Conservatoire de Paris, où parmi ses condisciples se trouvaient Annie Girardot, Jean-Paul Belmondo et Jean Rochefort, et le nombre de bons rôles au théâtre qui suivirent, comme celui de Saint-Just dans Pauvre Bitos de Jean Anouilh (1956). Les mémoires s'achèvent sur son premier véritable triomphe, le surlendemain de ses 30 ans, lorsqu'il incarne Thomas Becket dans la création mondiale "Becket ou l'Honneur de Dieu" d'Anouilh, au Théâtre Montparnasse le 8 octobre 1959, rôle écrit en pensant à Crémer. Sentant qu'il ne pouvait pas faire mieux, Crémer quitta le théâtre pour le cinéma et la télévision et retourna rarement sur scène. Avec sa grande carrure, son menton proéminent et son profil en forme d'aigle, Crémer devait jouer le rôle de soldat, de gangster et de policier.

L'un des premiers rôles puissants à l'écran a été celui du vétéran de la Seconde Guerre mondiale, le sergent Willsdorf, à la tête d'un peloton français inexpérimenté en Indochine en 1954 dans "La 317e section" (1965) de Pierre Schoendoerffer, sans doute le meilleur film tourné sur ce conflit colonial.

Schoendoerffer a de nouveau offert à Crémer un rôle de soldat, quoique désabusé, dans "Objectif 500 millions" (1966). La même année, Crémer incarne le colonel Henri Rol-Tanguy, l'un des chefs de file de la résistance communiste à Paris pendant la seconde guerre mondiale dans le film de René Clément, "Paris brûle-t-il? "

De même, Crémer a joué le chef d'un groupe de résistants clandestins tentant de sauver un camarade des nazis dans "Un homme de trop" de Costa-Gavras (1967). Mais Crémer est sauvé du stéréotypage par Luchino Visconti, qui lui donne le rôle du curé dogmatique de la prison dans "L'Étranger" (1967), d'après le roman d'Albert Camus, avec Marcello Mastroianni dans le rôle du meurtrier Meursault.

Crémer retourne dans l'armée dans quelques films commerciaux jusqu'à ce que, pour Costa-Gavras encore, il joue le rôle d’un journaliste au quotidien communiste "L'Humanité", condamné à mort par un tribunal de Vichy dans "Section spéciale" (1975). Malheureusement, la première expérience de Crémer dans les films hollywoodiens a été pour jouer dans le remake inutile de William Friedkin du thriller à indice d'octane élevé d'Henri-Georges Clouzot, "Le salaire de la peur", rebaptisé Sorcerer (1977). Le seul autre film en anglais dans lequel il a joué était Money (1991).

En 1981, sur scène à Paris, Crémer incarne un homosexuel dans un camp de concentration nazi dans Bent de Martin Sherman. Dans une interview à l'époque, Crémer déclare: «La raison pour laquelle je joue dans cette pièce est de faire connaître au public quelque chose qui est resté caché, comme une tache. Dans une certaine mesure, la persécution des homosexuels continue.»

L'apparition la plus récente de Crémer dans un film sorti au Royaume-Uni a été dans "Sous le sable" (2000) de François Ozon, dans lequel il jouait le mari de Charlotte Rampling, qu'elle refuse de croire mort. Mais, en France, Crémer sera toujours identifié à Maigret, à travers lequel il a pu exprimer tant de sa propre personnalité réticente et contemplative.

Lien de l’article en anglais:

https://www.theguardian.com/film/2010/aug/25/bruno-cremer-obituary

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K
The Guardian 🤮n'est pas vraiment ma tasse de thé . J'aimais bien Bruno Crémer, mais The Guardian est l'un des pires symboles de l'Empire de la désinformation !
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L
C'est vrai mais je voulais écrire sur Bruno Crémer et en fouinant sur le net anglophone, c'est le meilleur article que j'ai pu trouver.