Démasquer la complicité des médias: L'appel urgent à la vérité à Gaza
Par Nour Jaghama - Melissa Garriga pour Counterpunch le 15 décembre 2023
Bisan Owda, une journaliste de Gaza âgée de 25 ans, a récemment fait part de ses sombres perspectives: «Je n'ai plus aucun espoir de survie... Je suis certaine que je mourrai dans les prochaines semaines ou peut-être dans les prochains jours.» Le pressentiment poignant de Bisan reflète le danger auquel sont confrontés les journalistes, qui risquent leur vie pour exposer les réalités brutales masquées par le brouillard de la guerre.
Bisan ainsi que d'autres reporters palestiniens, comme Motaz Azaiza, un autre photojournaliste courageux du camp de réfugiés de Deir al-Balah, sont des héros méconnus au cœur d'un génocide dévastateur. Bisan, qui annonce en larmes le danger imminent auquel elle se sait confrontée, Motaz, qui cherchait à informer et cherche désormais à survivre, soulignent le courage extraordinaire des journalistes palestiniens déterminés à dévoiler la vérité.
En revanche, les grands médias occidentaux, incarnés par le New York Times, agissent tout différemment. Au lieu de relayer et de faire entendre les voix d'individus comme Bisan et Motaz, les grandes publications diffusent un récit qui perpétue la désinformation et donne le feu vert à la tragédie en cours.
Le bilan à Gaza est effroyable: plus de 20,000 morts, dont près de 10,000 enfants innocents. Au milieu des maisons en ruines et du bruit des frappes aériennes, il est clair que les efforts courageux de ces journalistes sont devenus notre seule fenêtre sur l'étendue de cette horreur.
Le New York Times, hélas, ne rend pas compte de la situation avec exactitude. Il persiste à publier des informations trompeuses, contribuant non seulement à la diffusion de la propagande, mais s'inscrivant également dans un schéma historique. Sa position actuelle fait écho à son action antérieure, lorsqu’il s’est engagé dans une campagne de désinformation précédant l'invasion américaine de l'Irak, qui a entraîné la mort de centaines de milliers d'Irakiens innocents.
Notamment, au lieu de rendre compte de ce génocide confirmé, le New York Times semble déterminé à propager de fausses controverses déclenchées par des législateurs controversés tels que la députée Elise Stefanik (R-N.Y.) qui affirme que soutenir les Palestiniens et exiger la fin du génocide est faire preuve d’antisémitisme. Ce type de reportage crée un faux sentiment de danger et donne des arguments aux gens pour qu'ils refusent de considérer la lutte palestinienne comme ce qu’elle est en réalité, une question relevant des droits de l'homme.
Alors que l'armée israélienne intensifie son attaque sur Gaza, l'urgence de reportages précis devient primordiale. La poursuite inébranlable des objectifs génocidaires de M. Netanyahou, attestée par le bombardement d'écoles, d'hôpitaux et de bâtiments de l'ONU, exige une attention sans faille. Il est frappant de constater que les dirigeants israéliens ont dévoilé leur intention de nettoyage ethnique par le biais d'un génocide, alors que les médias américains restent ostensiblement silencieux.
La trahison par le New York Times de journalistes comme Bisan, Motaz et d'innombrables autres, qui ont risqué leur vie, devient encore plus flagrante lorsqu'elle s’ajoute au non-respect des normes journalistiques par ce même journal. Il ne s'agit plus d'un reportage erroné, mais de la perpétuation d'un schéma historique qui donne la priorité au profit et à l'impérialisme plutôt qu'à la vérité et à la justice.
Les médias occidentaux ont le potentiel d'être un catalyseur de changement. Nous avons vu l'impact des reportages non filtrés pendant la guerre du Viêt Nam, lorsque les journalistes ont choisi de révéler la vérité, sans tenir compte des contraintes gouvernementales. Les équivalents de l'offensive du Têt et du massacre de My Lai ont lieu actuellement à Gaza, sous l'égide d'Israël. Tout reportage des médias occidentaux qui ne se concentre pas sur cela est un mauvais service rendu à l'humanité.
L'information, à la base, devrait avoir pour but de sauver des vies. Au lieu de cela, des publications influentes choisissent de faire état d’un consentement fabriqué à la violence et à l'oppression en défendant les criminels de guerre, alors même que les atrocités se déroulent en temps réel. Ce faisant, des publications comme le New York Times se rendent complices du génocide en cours en Palestine, mêlant le sang de Palestiniens innocents à celui des personnes assassinées en Irak il y a vingt ans. Honte au New York Times et à tous les autres.
Nour Jaghama est responsable de la campagne Palestine et Iran de CODEPINK. Melissa Garriga est responsable de la communication et de l'analyse des médias pour CODEPINK. Elle écrit sur l'intersection du militarisme et du coût humain de la guerre.
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