Poussés au feu: la violence des castes pendant Holi dans l'Uttar Pradesh (Inde)

Publié le par La Gazette du Citoyen

Par Subhashini Ali pour Peoples Democracy le 13 avril 2021
Durant la fête de Holi, au moins quatre attaques contre des dalits (NDT: souvent appelés les «intouchables») ont été signalées en Uttar Pradesh en Inde. Dans le district de Farrukhabad, des dalits ont été blessés par balle par des membres d'une caste dominante. À Mathura et Basti, des familles dalits ont été brutalement battues par des hommes de caste supérieure. À Sant Kabir Nagar, 20 huttes appartenant à des dalits ont été incendiées.

Fête de Holi

Fête de Holi

La fête de Holi a été célébrée cette année le vendredi 14 mars. Dans l'Uttar Pradesh, plusieurs policiers, puis le ministre en chef lui-même, ont exhorté les musulmans à rester enfermés chez eux et à y faire leurs prières du vendredi s'ils voulaient éviter d'être aspergés de peinture. Le langage et la teneur de leurs déclarations étaient extrêmement provocateurs et injurieux. Malgré cela et le climat de forte polarisation communautaire qui régnait dans l'État, Holi s'est déroulée dans le calme, du moins pour les musulmans, accueillis avec des fleurs et des friandises à la sortie des mosquées après les prières du vendredi, qui revêtent une importance particulière pendant le mois de Ramadan. De nombreux dalits, cependant, n'ont pas eu cette chance. Des rapports ont fait état de tirs sur des dalits alors qu'ils sortaient pour célébrer Holi. À Najibabad, dans le Bijnor, Ved Prakash a même été jeté dans le feu le 13, alors que l'Holika Dahan était célébré par des membres de la caste dominante de son village, avec lesquels il était impliqué dans un litige foncier. Selon une plainte déposée par lui, ils auraient pris possession de force de terres qui lui appartenaient, à lui et à sa famille.
Il était allé participer à l'Holika Dahan (NDT: Holika Dahan implique un feu de joie qui est allumé la nuit pour commémorer la victoire du bien sur le mal), qui se déroulait à environ un kilomètre de son village. Arrivé sur place, quatre personnes qui tentaient de le contraindre à retirer leur plainte l'ont attrapé et l'ont jeté dans le feu. Personne d'autre n'est venu à son secours, et il n'a été sauvé que par sa présence d'esprit, qui l'a fait sortir des flammes en roulant sur la pelouse voisine. Sa famille et d'autres habitants de son village se sont précipités sur les lieux et il a été transporté à l'hôpital du district pour y être soigné. De là, il a été transféré à l'hôpital de Meerut, puis à l'hôpital Safdarjung de Delhi.
L'épouse et le fils de Ved Prakash se sont rendus au poste de police, mais les policiers présents ont refusé d'enregistrer un rapport d'enquête, malgré le fait qu'ils aient nommé les responsables de l'attentat contre Ved Prakash. De leur côté, les policiers ont diffusé un rapport totalement faux, affirmant que Ved Prakash était ivre et était tombé accidentellement dans les flammes. Bien entendu, ils n'avaient aucune explication quant au fait que personne ne soit venu à son secours. 
L'unité locale du CPI(M) a protesté contre ce déni de justice et a rencontré les autorités du district, sans succès.
Le 30 mars, Subhashini Ali (membre du Bureau politique) et Vikram Singh (membre du Comité central) ont été informés que Ved Prakash avait quitté l'hôpital Safdarjung et se trouvait en convalescence à Dharamshala, un établissement rattaché à l'hôpital. Ils lui ont immédiatement rendu visite et se sont entretenus avec lui et les membres de sa famille qui s'occupaient de lui. Ved Prakash leur a parlé du litige foncier dans lequel il était impliqué et des pressions exercées sur lui pour qu'il retire sa plainte, le terrain étant extrêmement précieux. Il a expliqué que les personnes contre lesquelles il se battait étaient très puissantes et liées au parti au pouvoir, et qu'elles n'avaient eu aucun scrupule à le jeter dans le feu et à le brûler vif. 
Ved Prakash souffrait de graves brûlures aux bras et à la taille, mais des soins rapides lui sauvèrent la vie. Il refusa de se laisser intimider par cette cruelle tentative d'assassinat et déclara qu'il continuerait à se battre. 
Le lendemain, la police de Bijnor s'est rendue à l'hôpital et a tenté de le convaincre de revenir sur sa déclaration, mais il a refusé. Ils ont ensuite tenté de faire pression sur sa femme, sans succès. 
Subhashini Ali et Vikram Singh ont pu examiner le bulletin de sortie remis à Ved Prakash lors de son transfert de l'hôpital de Safdarjung à Dharamshala. Il y était clairement indiqué qu'il était arrivé des hôpitaux de l'Uttar Pradesh à Safdarjung sans aucun document. Aucun rapport médical ne lui avait été envoyé. Cela semblait indiquer que l'examen médical effectué à Bijnor n'avait révélé aucune consommation d'alcool et qu'il avait donc été occulté. Ils ont partagé ces informations avec les responsables de l'Uttar Pradesh et les responsables du Parti du district de Bijnor. 
Le 2 avril, les dirigeants du CPI(M) de Bijnor, dirigés par Rampal Singh, ont emmené l'épouse de Ved Prakash devant les autorités de police et ont insisté pour qu'un FIR soit enregistré contre l'accusé. 
Malgré cela, aucune arrestation n'a été effectuée à ce jour. Les dirigeants du CPI(M) à Moradabad (siège du Commissariat) rencontreront le DIG le 9 avril pour exiger l'arrestation des accusés et le versement d'une indemnisation à Ved Prakash. Dans l'Uttar Pradesh, sous domination manuvadi, le déni de justice envers les dalits est une dure réalité.
URL de l'article en anglais: 
https://peoplesdemocracy.in/2025/0413_pd/pushed-fire-caste-violence-during-holi

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