Le 17 avril 1975, l’attaché militaire cambodgien à Bangkok recevait son dernier message radio de Phnom Penh

Publié le

Le dernier message

Une dépêche de Reuter publiée par le journal thaïlandais "The Voice of the Nation" le vendredi 18 avril 1975

"The Voice of the Nation" du 18 avril 1975

"The Voice of the Nation" du 18 avril 1975

"Au revoir monsieur, revoyons nous à Phnom Penh".

Hier, à 11 heures 30 du matin, le dernier message de l'opérateur de radio militaire de la capitale cambodgienne annonçait en fait la fin de 5 ans de guerre.

A Bangkok, ce message a été une déception pour le colonel Lieou Phin Oum, l'attaché militaire cambodgien qui, durant les 5 derniers jours, avait informé les journalistes sur la guerre autour de Phnom Penh.

Cinq minutes avant le dernier message de l'émetteur-récepteur, l'operateur à Phnom Penh rapportait des manifestations d'accueil aux Khmers rouges et décrivait les scènes de rue qui suivaient la chute de Phnom Penh.

Puis après un claquement, la radio est demeurée silencieuse.

"C'est terminé", a dit le colonel Oum avec un sourire forcé et gesticulant de désespoir.

Dans le bureau à peine meublé du colonel Oum, l'opérateur a recouvert le matériel de radio avec un journal et s'est rassis abattu sur sa chaise.

Les membres du personnel du colonel Oum restaient debout fixant silencieusement des yeux l'équipement.

Leurs visages n'exprimaient aucune surprise, seulement la profonde tristesse du moment et leur incertitude de l'avenir.

Depuis que les Américains avaient évacués Phnom Penh le weekend dernier, le colonel Oum avait continuellement été en contact radio avec le personnel du quartier général à Phnom Penh. Il était devenu la dernière source de nouvelles sur la guerre pour les journalistes d'ici.

"Cela a été un mauvais jour pour nous," avait dit le colonel aux journalistes mercredi dernier.

Les marques faites sur la carte militaire de son bureau avaient l'air différentes hier. Il y avait des flèches proéminentes en rouge et en vert montrant les derniers mouvements des insurgés vers Phnom Penh à partir du Sud, du Sud-est et du Nord-ouest.

Après la fin du contact radio, le colonel Oum s'est assis sur son bureau avec une petite radio transistor et s'est mis à traduire en anglais les quelques nouvelles saisies en khmer.

"Vous voyez, je suis maintenant devenu un traducteur," a-t-il dit aux journalistes qui s'entassaient autour de son bureau.

La dépêche de Reuter

La dépêche de Reuter

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article