L'Armée Rohingya pour le Salut de l'Arakan est liée aux groupes djihadistes étrangers

Publié le

Le journaliste suédois Bertil Lintner explique que l'ARSA est liée à des groupes extrémistes étrangers

Par The Irrawaddy

YANGON - Bien qu'elle le nie, l'organisation islamiste responsable des attaques du mois dernier contre 30 postes de police dans le nord de l'état Rakhine, a des liens avec des groupes extrémistes étrangers, selon un journaliste suédois qui couvre le Myanmar et l'Asie depuis plus de trois décennies.

Dans son dernier article sur l'insurrection musulmane dans le nord du Rakhine, Bertil Lintner écrit que l'affirmation de l'Armée Rohingya pour le Salut de l'Arakan comme quoi elle lutte pour l'autodétermination comme d'autres groupes armés ethniques dans le pays et son refus d'être qualifié d'organisation terroriste par le gouvernement du Myanmar, ne collent pas avec les réalités sur le terrain.

L'Armée Rohingya pour le Salut de l'Arakan (ARSA) a prétendu que ses attaques faisaient partie d'une campagne visant à obtenir des droits humains fondamentaux pour les musulmans du Rakhine qui s'auto-identifient comme des Rohingyas. Cependant, l'armée du Myanmar a contre-attaqué avec une brutale répression, obligeant 420 000 personnes à fuir au Bangladesh, certaines d'entres-elles rapportant des témoignages de meurtres et de viols prétendument commis par les forces de sécurité.

Capture d’écran d’une vidéo de l’ARSA

Capture d’écran d’une vidéo de l’ARSA

Dans "La vérité derrière l'insurrection Rohingya du Myanmar" publiée dans Asia Times, le journaliste suédois cite des analystes du renseignement en expliquant que le mentor du groupe est Abdus Qadoos Burmi basé à Karachi, un Pakistanais d'origine Rohingya. Il est apparu dans des vidéos diffusées sur les médias sociaux appelant au "djihad" en Birmanie, selon l'article.

"Abdus Qadoos a des liens bien documentés avec Lashkar-e-Taiba, ou l'Armée des Justes, l'une des plus grandes organisations terroristes islamiques d'Asie du Sud qui opère principalement à partir du Pakistan. Ce groupe a été fondé en 1987 en Afghanistan avec le financement de l'ancien dirigeant d'Al Qaïda, Osama ben Laden. Abdus Qadoos a même participé à des rencontres avec le dirigeant suprême de Lashkar-e-Taiba, Hafiz Mohammed Syed ", écrit Lintner.

L'article explique que le chef du groupe est Ataullah abu Ammar Junjuni, également connu sous le nom de Hafiz Tohar, qui né à Karachi et qui a reçu une éducation madrassa en Arabie Saoudite.

Ces liens avec des groupes extrémistes étrangers contredisent une déclaration de l'ARSA publiée sur Twitter le 14 septembre dernier, prétendant n'avoir aucun lien avec Al-Qaïda, l'Etat islamique en Irak et en Syrie, Lashkar-e-Taiba ou tout autre groupe terroriste transnational.

L'ARSA a ajouté "que tous les États sachent qu'elle est prête à travailler avec des organismes de sécurité pour intercepter et empêcher les terroristes d'entrer [au Rakhine] et de rendre pire encore une mauvaise situation".

Lintner souligne que le sous-chef de l'ARSA, est "un homme sombre connu sous le nom de "Sharif" qui est originaire de Chittagong dans le sud-ouest du Bangladesh et qui n'apparaît dans aucune des vidéos de propagande du groupe." Il parle avec un accent urdu, la langue officielle du Pakistan.

Les analystes de la sécurité notent qu'il y a au moins 150 étrangers dans les rangs de l'ARSA, qui combattent aux côtés de "jeunes hommes en colère et désespérés" recrutés parmi les Rohingyas des camps de réfugiés du Rakhine et du Bangladesh.

Le journaliste suédois écrit: "La plupart d'entre eux sont originaires du Bangladesh, huit à dix viennent du Pakistan et des groupes plus petits d'Indonésie, de Malaisie et du sud de la Thaïlande. Deux d'entre eux sont originaires d'Ouzbékistan. Les formations organisées dans les régions frontalières du Myanmar et du Bangladesh ont été menées en partie par des anciens combattants des guerres afghanes, expliquent les analystes de la sécurité".

En fait, le nom ARSA était inconnu jusqu'à la fin de l'année dernière. Même après la première attaque contre les avant-postes de la police en octobre de l'année dernière, le nom du groupe était inconnu. Le gouvernement du Myanmar a déclaré que "Harakah al-Yaqin" ou le Mouvement de la foi était derrière les attaques. Plus tard, le groupe a changé son nom en ARSA.

"L'ancienne appellation avait des connotations religieuses claires et notamment ne contenait pas les mots Rohingya ou Arakan (Rakhine). Ce n'est que l'année dernière qu'ils ont commencé à utiliser le nom ARSA plus ethniquement orienté, peut-être dans une tentative pour s'éloigner du milieu radical dans lequel le mouvement est né".

Lintner considère également que les tactiques de l'ARSA ressemblent plus à celles des insurgés musulmans dans la Thaïlande méridionale, frontalière de la Malaisie, qu'à celles des autres armées ethniques du Myanmar. Les combattants se mêlent aux villageois, portent des vêtements civils et se retirent à travers la frontière vers le Bangladesh voisin.

"Ils préfèrent mobiliser des centaines de villageois non armés pour attaquer les positions de l'Etat au milieu de la nuit....... Ensuite, un relativement petit nombre d'attaquants se déplacent, tuent les soldats ou des policiers intimidés et s'échappent avec leurs armes. C'est un style d'attaque familier en Asie du Sud, mais tout à fait étranger jusqu'ici au Myanmar", écrit-il.

La force d'ARSA, explique-t-il, citant les analystes, est beaucoup moins importante que ce que les rebelles ainsi que les autorités militaires de Myanmar prétendent. Selon les initiés, le nombre de combattants de l'organisation se compteraient en centaines plutôt qu'en milliers, le nombre total de combattants formés et actifs ne dépassant pas 500.

Après les attentats du 25 août, l'armée du Myanmar a prétendu avoir tué 400 insurgés. Le journaliste suédois estime que très probablement presque tous étaient des villageois recrutés.

"Si autant de combattants de l'ARSA avaient été tués, presque toute l'organisation aurait été anéantie, selon les analystes de la sécurité qui surveillent le groupe", affirme-t-il.

The Irrawaddy

Article original en anglais:

https://www.irrawaddy.com/news/burma/arsa-linked-foreign-extremist-groups-bertil-lintner.html

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