Des groupes paramilitaires anti-gouvernementaux vénézuéliens se préparent à lancer des raids transfrontaliers à partir de la Colombie
Par Joseph Fitsanakis pour Intelnews le 29 mai 2019
Des groupes de transfuges vénézuéliens seraient en train de former des milices armées en Colombie et se préparent à lancer des attaques transfrontalières pour renverser le gouvernement du président Nicolás Maduro à Caracas. On estime que plus d'un million de Vénézuéliens ont franchi la frontière colombienne depuis le début de la crise économique actuelle au Venezuela en 2016. Parmi eux se trouvent au moins 1400 membres de diverses branches des forces armées du Venezuela. Nombre de ces transfuges ont déclaré leur soutien à Juan Guaidó, président de l’Assemblée nationale du Venezuela soutenu par les États-Unis, qui a appelé publiquement les forces armées du pays à chasser Maduro du pouvoir. Selon un reportage de l'agence de presse Reuters daté du 28 mai, certains de ces transfuges forment des milices en Colombie et se préparent à lancer des attaques transfrontalières au Venezuela.
Eddier Rodriguez, chef d’un des groupes de paramilitaires vénézuéliens en Colombie
Des reporters de Reuters ont récemment parlé à huit transfuges vénézuéliens dans un lieu tenu secret près de la frontière entre la Colombie et le Venezuela. Les transfuges ont indiqué qu'ils représentaient une milice de 150 hommes, qui avaient tous quitté la police, l'armée et les services de renseignement vénézuéliens. L'un des hommes s'est identifié comme étant Eddier Rodriguez, 37 ans, et a déclaré qu'il travaillait maintenant comme agent de sécurité privé dans la ville colombienne de Bogotá. Il a déclaré à Reuters que les 150 membres de sa milice étaient "disposés à donner leurs vies si nécessaire" pour renverser le président Maduro. Il a ajouté que ses miliciens avaient réussi à s'armer d'armes de poing et avaient collecté des fonds pour acheter plus d'armes et d'explosifs. Rodriguez a également affirmé que sa milice était en contact avec plusieurs «groupes de résistance» vénézuéliens en Colombie, laissant entendre que sa milice n'était pas le seul groupe du genre. Selon Rodriguez, sa milice prévoit de se coordonner avec d'autres groupes similaires pour lancer «l'opération Venezuela», une attaque transfrontalière totale contre le Venezuela, avec la participation de «garnisons au Venezuela [qui] seraient prêtes à se battre dès le début de l'opération».
Reuters a déclaré ne pas être en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations des huit hommes au sujet de leur milice et d’autres groupes similaires en Colombie. Des journalistes ont toutefois déclaré avoir parlé à Victor Bautista, directeur du département de la sécurité des frontières du ministère colombien des Affaires étrangères, qui leur a assuré que le gouvernement colombien «rejetait totalement» toute tentative d'attaque de groupes armés contre le Venezuela à partir de la Colombie. Ces groupes seraient considérés comme des «organisations paramilitaires et seraient arrêtés par les autorités s'ils étaient découverts», a déclaré Bautista à Reuters. L’agence de presse a également cité un responsable du renseignement colombien anonyme qui aurait affirmé que les services de renseignement colombiens avaient vérifié l’existence de plusieurs groupes paramilitaires vénézuéliens dans le pays. Cependant, ils «ne peuvent pas agir contre eux car ils n'ont encore commis aucun crime», a-t-il déclaré.
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