Kim Kardashian demande à Biden d'empêcher un autre génocide arménien
Par Chloé Atkinson pour Counterpunch le 14 septembre 2023
/image%2F2258701%2F20230922%2Fob_8aaaee_kim-karachian.PNG)
Kim Kardashian (Crédit photo: le magazine Rolling Stone)
Alors que 120,000 Arméniens du Haut-Karabakh risquent une mort quasi certaine aux mains du gouvernement azéri, deux défenseurs de leur cause se sont manifestés pour sensibiliser au sort des Arméniens et demander au président américain Joe Biden de faire davantage pour cette urgence humanitaire.
La personnalité médiatique et influenceuse Kim Kardashian et le Dr Eric Esrailian ont écrit un article commun dans le magazine Rolling Stone, dans lequel ils affirment que leur statut de descendants de survivants du génocide arménien les a poussés à mettre en lumière la tragédie qui se déroule sur la terre de leurs ancêtres (lien de l’article de Kim Kardashian et du Dr Eric Esrailian dans le magazine Rolling Stone: https://www.rollingstone.com/politics/political-commentary/kim-kardashian-op-ed-joe-biden-armenian-genocide-azerbaijan-sanctions-1234820577/).
/image%2F2258701%2F20230922%2Fob_9a88b2_armeniens.jpg)
Les forces militaires ottomanes conduisent les Arméniens vers un site d'exécution (Image fournie par l'Institut national arménien)
«En décembre de l’année dernière, l’Azerbaïdjan a bloqué la seule bouée de sauvetage entre les Arméniens chrétiens indigènes d’Artsakh et le reste du monde. Depuis de nombreuses années, ces Arméniens dépendent du transport de nourriture, de fournitures médicales et d’aide humanitaire via le corridor de Lachin. La guerre en Ukraine a fait de l’Azerbaïdjan une alternative apparemment plus favorable au pétrole et au gaz russes pour certains pays. Cependant, cette dépendance a encouragé le gouvernement autocratique azéri à utiliser la famine comme une arme contre la population arménienne de la région. Il n’y a plus de temps pour les pensées, les prières ou les inquiétudes.
Kardashian et Esrailian ont recommandé plusieurs moyens par lesquels la communauté internationale pourrait prévenir un génocide, notamment «par des sanctions économiques, la suppression de l'aide étrangère à l'Azerbaïdjan, le boycott des événements internationaux en Azerbaïdjan (tels que les concerts et les événements sportifs comme le football et la Formule 1) et par des procédures judiciaires de la Cour pénale internationale.
Le peuple arménien menacé a heureusement attiré l’attention de personnalités de haut niveau des médias sociaux telles que Kardashian, mais cela pourrait ne pas suffire. Au bénéfice des Arméniens, d'autres se sont également impliqués et rendent leur cas aussi public que possible.
Le Réseau universitaire pour les droits de l'homme, en collaboration avec des étudiants, des avocats et des universitaires de la Harvard Law School Advocates for Human Rights, du Promise Institute for Human Rights de l'UCLA, de l'Université Wesleyan et du Lowenstein Project de Yale, a mené deux voyages d'enquête au Haut-Karabakh et quatre en Arménie entre mars 2022 et juillet 2023.
Ils ont noté «la menace très réelle de déplacements forcés massifs, de famine généralisée et de génocide». Il s'agit de la part du gouvernement azéri d'une «campagne globale et synchronisée visant à vider le Haut-Karabakh et certaines parties de l’Arménie de sa population arménienne».
Dans leur rapport récemment publié, ils ont écrit: «Nous avons documenté les atrocités perpétrées par les forces azerbaïdjanaises contre les Arméniens de souche pendant la guerre du Haut-Karabakh de 44 jours en 2020, après le cessez-le-feu, lors des attaques de 2022 contre l'Arménie souveraine, ainsi qu'en période de paix relative.»
Les participants au voyage ont accusé le gouvernement azéri de se livrer à «des exécutions extrajudiciaires de civils, notamment de personnes âgées et handicapées; disparition forcée des troupes arméniennes; torture et traitements cruels, inhumains ou dégradants infligés aux prisonniers de guerre; menaces de mort, intimidation et harcèlement contre les résidents des communautés frontalières; et des restrictions potentiellement mortelles sur la liberté de mouvement et l’accès aux infrastructures vitales.»
En août, Luis Moreno Ocampo, ancien procureur général de la Cour pénale internationale, qui a témoigné devant la Commission bipartite des droits de l'homme Tom Lantos la semaine dernière, a également publié un rapport décrivant la tragédie comme un génocide et suggérant les mesures nécessaires pour empêcher la situation de se détériorer davantage.
Selon Ocampo, le président Aliyev ainsi que la communauté internationale «ont la rare opportunité» d'empêcher de nouvelles victimes et la «destruction physique» du peuple arménien par le génocide.
Il a recommandé l'adoption de «décisions politiques urgentes», notamment «de mettre fin au blocus et de rétablir l'approvisionnement en produits essentiels au Haut-Karabakh dans une ou deux semaines, ainsi que de trouver des solutions institutionnelles aux revendications territoriales contestées».
Ocampo a noté dans son rapport qu'il n'est pas le seul à qualifier la situation au Haut-Karabakh de génocide.
En février, le comité exécutif et consultatif de l’Association internationale des spécialistes du génocide a déclaré: «Des facteurs de risque de génocide importants existent dans la situation du Haut-Karabakh concernant la population arménienne.»
Le 22 juin, l’Institut Lemkin pour la prévention du génocide a également émis une alerte rouge concernant le génocide.
Ce n’est pas la première fois que les Arméniens sont menacés de génocide ni la première fois que le monde ignore un groupe de personnes mourant de faim. Comme le souligne Ocampo dans son rapport, «environ un million d’Arméniens ont été assassinés ou sont morts de maladie et de faim en 1915 et le monde n’a pas pu empêcher cela. Les enfants affamés du ghetto de Varsovie n’ont suscité aucune réaction. Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) est devenue une prison de famine (NDT: lors de son siège par les Nazis de 1941 à 1944).»
Il a en outre ajouté que de nombreux Cambodgiens sont morts de faim et de malnutrition, que les étrangers associent à tort aux forces économiques et climatiques «naturelles», plutôt qu'au mal perpétré par le régime des Khmers rouges [...]
En gardant cela à l’esprit, Kardashian et Esrailian, ainsi que les autres personnalités et organisations impliquées, parviendront peut-être à sauver les Arméniens piégés au Haut-Karabakh.
«En tant que citoyens, nous appelons les dirigeants tels que le président Biden, le secrétaire d’État Blinken et leurs collègues à prendre immédiatement position. Ils doivent faire pression sur l’Azerbaïdjan pour qu’il ouvre le couloir sans conditions préalables», ont-ils écrit.
Le temps presse avant que le monde ne soit témoin d’un nouveau génocide évitable.
Lien de l'article en anglais: