‘C'est arrivé près de chez vous’, le film belge qu’il est intéressant de revoir si l’on veut analyser l’affaire Nahel et ses suites

Publié le par La Gazette du Citoyen

Par Alexis Lerebel pour La Gazette du Citoyen le 3 juillet 2023

Affiche du film belge "C'est arrivé près de chez vous"

Affiche du film belge "C'est arrivé près de chez vous"

Si l’on veut analyser avec justesse cette affaire Nahel, il faut se garder de l’émotion, qui conduit la plupart du temps sur de mauvaises pistes et est souvent utilisée par des partis politiques, de droite ou de gauche, pour tenter de manipuler le citoyen ordinaire afin de l’orienter dans un sens ou dans l’autre. En bref, il faut analyser les faits avec son cerveau et non pas se laisser emporter par eux avec son cœur.

Tout d’abord, revenons sur les derniers évènements suite à cette affaire.

Dans une réplique culte du célèbre film belge "C'est arrivé près de chez vous" Benoît Poelvoorde, qui joue le rôle d'un tueur en série qui tue pour voler explique à ses compagnons que si on tue des gens sans importance, le pouvoir n'en a rien à foutre mais qu'il faut s'abstenir absolument de s'en prendre à des gens riches et puissants.

Je cite la réplique:

"Un petit quidam, ça ne fait pas de vague... Tu tues une baleine, t'auras les écolos, t'auras Greenpeace, t'auras le commandant Cousteau sur le dos! Mais décime un banc de sardines, j'aime autant te dire qu'on t'aidera à les mettre en boîte!"

Et bien on peut encore le constater aujourd'hui quand tous les médias et les politiciens, de LFI au RN sur l'échiquier politique, se déclarent outragés qu'on s'en prenne à des maires avec des phrases du genre "s'attaquer à un élu de la république, c'est s'attaquer à la république elle-même".

Regardez vos médias, ils publient de grands articles en première page sur les deux maires agressés et ne laissent que deux ou trois lignes pour les milliers d'autres citoyens ordinaires qui ont subis la même chose, voir pire (3 morts).

Le message qu'on fait passer aux émeutiers est clair. Prenez vous en aux biens et aux personnes de Monsieur tout-le-monde, on ne vous en tiendra pas rigueur et vous ne risquerez pas grand-chose mais si vous vous en prenez aux individus et aux biens des "castes supérieures", notamment les journalistes et les politiciens, on vous pourchassera et on vous le fera payer très cher.

Ceci précisé, il me semble nécessaire de récapituler les faits ayant conduits à ces émeutes.

Deux motards de la compagnie territoriale de circulation et de Sécurité routière des Hauts-de-Seine viennent de prendre leur service mardi quand ils remarquent vers 7h55, boulevard Jacques-Germain Soufflot à Nanterre, derrière le quartier d’affaires de la Défense, une Mercedes jaune immatriculée en Pologne.

La «vive allure» du véhicule sur une voie de bus et «le jeune âge apparent des passagers du conducteur» auraient intrigué les policiers, qui tentent une première fois de procéder à un contrôle. Ils activent leur gyrophare, se portent à hauteur du véhicule à un feu rouge et lui demandent de stationner. La voiture redémarre, grille le feu et continue de rouler près de la station de RER Nanterre-Préfecture, les deux policiers à ses trousses, avant d’être coincée dans les bouchons.

Les deux policiers ont alors mis pied à terre et «crié au conducteur de s’arrêter» en se positionnant «sur le côté gauche» de la voiture, «l’un au niveau de la portière du conducteur, l’autre près de l’aile avant gauche», selon le procureur. Ils disent «avoir tous deux sorti leurs armes et les avoir pointées sur le conducteur pour le dissuader de redémarrer en lui demandant de couper le contact».

Ensuite les témoignages divergent.

Selon les policiers, Nahel aurait été sur le point de redémarrer, risquant ainsi la vie d’un des policiers qui était penché par la vitre à l’intérieur de la voiture en l’emportant lors du redémarrage et il aurait demandé à son collègue de tirer sur le jeune homme afin de l’empêcher de faire cela, ce que ce dernier aurait fait, tuant ainsi par accident le conducteur.

Selon les passagers du véhicule, le policier aurait dit: «Éteins le moteur!» Et il aurait frappé Nahel de deux coups de crosse gratuitement. Ensuite le pied de Nahel, «un peu sonné» et «paniqué» s’est enlevé de la pédale de frein. Comme la voiture était une automatique, elle aurait avancé toute seule. Le policier situé près de la fenêtre aurait ensuite dit à son collègue: Shoote-le! C’est là que le motard qui était à l’avant aurait tiré.

La police selon un sketch des Inconnus

La police selon un sketch des Inconnus

Ensuite, ça a été la récupération de l’affaire à des fins électoralistes par la gauche, la droite, l’extrême droite et l’extrême gauche.

Pour les uns (la droite et l’extrême droite) Nahel aurait été une «caillera» (voyou des cités selon le langage courant) ayant été condamnée plusieurs fois pour des délits mineurs et aurait presque mérité son sort.

Pour les autres (la gauche et l’extrême gauche) Nahel est un gamin, un petit ange, assassiné par la police.

En fait, si l’on analyse les faits avec son cerveau, on peut facilement deviner que Nahel, âgé de 17 ans, n’était plus un gamin et certainement pas un petit ange… mais les policiers, lorsqu’ils l’ont abattu comme un chien, ne connaissaient probablement pas ses antécédents judiciaires. Et selon eux, la Mercedes était coincée dans les embouteillages donc, même si Nahel avait intentionnellement démarré, il n’aurait pu aller bien loin. De plus, la Mercedes n’a pas été volée puisque ni les policiers, ni les médias ne le prétendent, donc le seul crime que l’on puisse reprocher à ce jeune homme est de conduire sans permis et de ne pas s’être arrêté à la première injonction des policiers, ce qui ne mérite certainement pas la peine de mort. 

Il y a peu, la police française a commis quelque chose qui s’apparente à des crimes de guerre contre les Gilets jaunes, en éborgnant et en handicapant à vie plusieurs d’entre eux.

Crimes de la police française contre les Gilets jaunes

Crimes de la police française contre les Gilets jaunes

A ce moment-là, les manifestants Gilets jaunes scandaient, lors des manifestations : «Tout le monde déteste la police!»

Un Gilet jaune avec un slogan anti-police écrit au dos de son gilet

Un Gilet jaune avec un slogan anti-police écrit au dos de son gilet

Aujourd’hui, dans l’affaire Nahel, certains d’entre eux sont prêts à donner raison au policier, malgré toutes les preuves contre lui.

Faudrait savoir…

Cela dit, lorsque des pillards utilisent comme prétexte cette bavure policière pour piller le bien des gens ordinaires, qui luttent eux-mêmes tous les jours pour ne pas sombrer dans la pauvreté, il est bien évident que c’est condamnable!!! Si je n’avais pas peur moi-même d’être poursuivi pour incitation à la violence, je leur conseillerais de s’en prendre plutôt aux politiciens, aux journalistes et aux riches et de foutre la paix aux gens ordinaires qui ne sont en rien responsables des bavures policières et de leurs misères. Mais les gens préfèrent la facilité, c’est bien connu.

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